Tuer le père
Dans Totem et Tabou, Freud décrit comment les fils de la « horde primitive » tuent et dévorent le père. Sándor Ferenczi fut pendant vingt-cinq ans l’ami fidèle et le disciple du psychanalyste. Dans une biographie magistrale qui repose essentiellement sur l’abondante correspondance entre les deux hommes, où l’intime le dispute sans cesse au professionnel, Benoît Peeters conte le destin touchant de ce médecin hongrois.
L’immense avancée que représentent ses recherches repose sur sa furor sanandi, sa « rage de soigner ». Là où Freud faisait de l’analyste un maître indifférent, Ferenczi insista notamment sur l’investissement actif et la bienveillance sans bornes du praticien, et défendit la sincérité des enfants victimes d’abus sexuels, alors établis comme des fantasmes. Entre eux, il y eut pourtant longtemps une vive complicité et une confiance absolue, des vacances partagées au rôle central que joua Freud dans les amours de Ferenczi. Sándor Ferenczi, l’enfant terrible de la psychanalyse nous fait découvrir en même temps qu’une introduction à des travaux précurseurs des théories du care, les tourments et les intuitions d’un homme pour qui la guérison était une obsession. Et l’une des dernières formules consignées dans son Journal clinique était la suivante : « Seule la sympathie guérit. »
★★★☆☆
SÁNDOR FERENCZI, L’ENFANT TERRIBLE
DE LA PSYCHANALYSE, BENOÎT PEETERS,
384 P., FLAMMARION, 23,90 €