. Polars/Science-fiction /Romance
Après un détour par le post-apocalyptique (L’Année du lion, 2017), le Sud-Africain Deon Meyer revient au polar solide, politique et haletant.
La Proie est un titre qui dit vrai – un des deux héros en est une, et le restera le long de ses tribulations entre Bordeaux, Paris et Amsterdam –, mais il aurait pu aussi bien être au pluriel, tant il n’y a ici que des proies… Dès la première scène, d’ailleurs, une femme est attaquée par une bande de jeunes. À Bordeaux, en pleine nuit. Sauvée in extremis par un homme qui passait par là : Daniel Darret, un ancien combattant de la branche militaire de l’ANC (le parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis 1994), un peu rouillé et qui vit dans la clandestinité. Il n’a peur que d’une chose : que son passé le rattrape. Évidemment, c’est ce qui arrive quand on vient lui demander d’éliminer une sommité de l’État sud-africain au cours d’une visite officielle. Avec une date limite : le 3 septembre. Même date butoir pour l’autre héros du livre : Benny Griessel. Ce jour-là, il a prévu de demander en mariage celle qui partage sa vie chaotique depuis cinq ans. Sa hantise: qu’elle hésite. Griessel est un enquêteur récurrent chez notre auteur, on le retrouve avec son collègue Vaughn Cupido et leur cheffe à la Direction des enquêtes criminelles prioritaires, la colonelle Mbali Kaleni. Des superflics (les « Hawks ») qui doivent enquêter sur un suicide mal maquillé. Dans les deux intrigues, nous sommes à un mois du fameux jour J.
Le récit devra réunir ces deux trames, on s’en doute. Mais le diable d’écrivain parvient à surprendre et à tromper son lecteur en jouant tour à tour avec sa patience, ses nerfs et son humour. Dans son intrigue sudafricaine, il (mal)traite l’envers de la nation arc-en-ciel et la corruption omniprésente. Son intrigue européenne est du pur roman de tueur, de barbouze, avec des scènes et des dialogues maniés à la plume-mitraillette.