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Le grand homme d’État, Prix Nobel de littérature, n’en a pas fini d’inspirer les biographes. Grâce à des archives enfin accessibles et un impressionnant travail de recherche, cette nouvelle somme donne la mesure du destin hors norme du Vieux Lion.
Comment un « petit bouledogue mal élevé aux cheveux roux », à en croire sa grand-mère impavide, est-il devenu un « Vieux Lion » ? Cette métamorphose n’est pas une fable mais la vie extraordinaire de Churchill. Secrétaire d’État aux colonies, Premier Lord de l’Amirauté de 1911 à 1915, locataire du 10 Downing Street pendant la Seconde Guerre mondiale, il mena une double carrière d’homme politique et de journaliste pour financer son train de vie. Jeune officier en Inde puis en Afrique du Sud, cumulant la casquette de correspondant de presse des journaux londoniens, il envoyait des reportages chèrement négociés. Une somme de livres et d’articles lui vaut la réputation de journaliste le mieux payé au monde ! Dès 1905, son premier biographe écrivait avec une intuition prémonitoire qu’il était « de la race des géants ». Il avait à peine… 30 ans.
UN DÉSIR INSATIABLE DE RÉUSSITE
Dans le jeu de cartes des personnalités les plus renommées du XXe siècle, Winston Leonard Spencer Churchill a aussi décroché le record mondial du nombre de pages écrites ou collectées sur lui. Pas moins de mille livres lui ont été consacrés. Et au regard des huit tomes de sa biographie officielle parus de 1968 à 1983, complétés d’un tombereau de vingt-trois volumes de documents ministériels et personnels, l’imposante biographie de l’historien britannique Andrew Roberts fait le poids : plus de mille trois cents pages. Ce « tour de force », selon son traducteur et préfacier Antoine Capet, familier de la langue de Churchill et qui avait livré une traduction révisée de ses Mémoires de la Grande Guerre, est l’événement biographique de la rentrée. Les précédentes biographies de spécialistes français, François Bédarida et François Kersaudy, constituaient des références.