Xabi Molia
CONNU EN TANT QUE CINÉASTE GRÂCE À SES ÉPATANTS LONGS-MÉTRAGES (LES CONQUÉRANTS, COMME DES ROIS), CET AMOUREUX DE FILMS CATASTROPHE HOLLYWOODIENS EST ÉGALEMENT AUTEUR DE ROMANS. EN CETTE RENTRÉE, IL PUBLIE UNE PASSIONNANTE FICTION APOCALYPTIQUE, DES JOURS SAUVAGES. XABI MOLIA ÉVOQUE POUR LIRE MAGAZINE LITTÉRAIRE QUELQUES OUVRAGES ESSENTIELS POUR LUI. LE ROMAN QUI VOUS A DONNÉ L’ENVIE D’ÉCRIRE ?
« C’est un peu honteux, pour ne pas dire inavouable. Mais, vers l’âge de 13-14 ans, j’ai adoré Hannah
de Paul-Loup Sulitzer.
J’étais, pour tout dire, très perméable à son idéologie libérale, et particulièrement sensible au destin de cette héroïne. Bref, j’avais envie d’écrire des histoires de ce genre. Quelques mois plus tard, j’ai eu une révélation d’un tout autre genre – sans doute plus respectable –, avec Daniel Pennac et sa
Petite Marchande de prose.»
VOTRE « ROBINSONNADE » PRÉFÉRÉE ?
« Il y a bien sûr Robinson Crusoé de Daniel Defoe, Vendredi ou Les Limbes du Pacifique de Michel Tournier et toutes les histoires de ce genre signées Jules Verne – sans doute l’écrivain qui m’a donné le goût de la lecture, mon père me l’ayant fait découvrir très jeune. Récemment, j’ai lu, et adoré, L’Île de béton de J.G. Ballard. Le livre travaille la robinsonnade à l’intérieur du monde urbain, en explorant tous les thèmes chers à l’auteur de Crash. »
LE CLASSIQUE QUI VOUS TOMBE DES MAINS ?
« Moby Dick,
d’Herman Melville.
Je suis pleinement conscient de son importance dans l’histoire du roman moderne mais rien à faire, il me manque la course-poursuite finale, et les longs chapitres digressifs sur les cétacés m’ennuient ! Dans un registre proche, je n’ai jamais apprécié Julien Gracq et Le Rivage des Syrtes.
Son style est trop ampoulé pour moi, et l’abus de mots rares m’énerve… »
LE LIVRE QUE VOUS PORTERIEZ À L’ÉCRAN?
« Cela serait un sacré challenge que d’adapter La Vie mode d’emploi de Georges Perec, justement parce que s’il y a bien un livre inadaptable, c’est celui-ci. J’assume d’autant plus ce choix que, lorsque j’avais 22 ou 23 ans, je m’étais mis en tête, avec ma petite amie de l’époque, de réfléchir à sa transposition pour l’écran
– un projet resté dans les limbes… Pour poursuivre avec Perec, il y a aussi La Disparition, qui serait encore plus difficile à adapter… »
VOTRE DERNIÈRE LECTURE ?
« Je viens de terminer Payer la terre de
Joe Sacco. Si le titre ne paie pas de mine, cet album décrit magnifiquement la vie des Denes, un peuple indien du Canada. La bande dessinée documentaire est un domaine qui me passionne, et je recommande à tout le monde de lire, par exemple, Saison brune de Philippe Squarzoni. Enfin, je me prépare à me plonger dans les conférences de Bruno Latour réunies dans le recueil Face à Gaïa. »