Cure de jouvence

Créé par le romancier suédois Henning Mankell, l’inspecteur Kurt Wallander a été le héros d’une douzaine de romans écrits entre 1991 et 2013. On y suit les tortueuses enquêtes d’un inspecteur insomniaque et amateur d’opéra dans la campagne suédoise. Immense succès dans son pays d’origine et en France, les livres ont connu deux déclinaisons télévisuelles : une suédoise réalisée entre 1993 et 2009, et une britannique avec Kenneth Branagh dans le rôle principal. Déclinée sur quatre saisons entre 2008 et 2016, cette dernière a la particularité de conserver le décor suédois malgré un casting anglo-saxon. Et alors qu’on pensait que le célèbre inspecteur avait tiré sa révérence en 2016, il revient rajeuni et plus taciturne que jamais dans cette troisième adaptation. Ni suite ni prequel, Le Jeune Wallander serait plutôt un « reboot », c’est-à-dire une nouvelle itération qui prend ses distances avec les versions précédentes. Elle raconte la jeunesse de son héros et l’ancre dans la Suède actuelle, alors que les livres et les précédentes séries se situaient davantage dans les années 1960. Une « remise à zéro » salutaire permettant de décrypter les dérives d’une nation à travers ses explosions de violence. Soit exactement ce que tentait de faire Mankell, lui qui n’a jamais caché combien certains aspects de son pays lui échappaient.

Cette première enquête voit le policier Kurt Wallander embarqué dans une sombre affaire où s’entrechoquent trafiquants de drogues, migrants et groupuscules d’extrême droite, le tout dans une Suède au bord de l’implosion. L’occasion également d’en savoir plus sur les démons qui hantent Wallander et qui ont forgé l’enquêteur d’exception qu’il est. Pas de quoi décourager les novices, la série (disponible sur Netflix) se révélant suffisamment accessible pour quiconque ne se serait jamais plongé dans l’univers très sombre de Henning Mankell.