L'Obs

Israël : menace de contagion syrienne

- Par René Backmann R. B.

Le front nord d’Israël – la frontière avec le Liban et la Syrie– est-il en train de se réchauffer? Après plusieurs années de calme relatif et de « profil bas » des combattant­s du Hezbollah mobilisés par une réorganisa­tion de leurs forces à la suite de la guerre de 2006, les embuscades et les attaques contre l’armée israélienn­e se sont multipliée­s depuis deux mois. Les deux plus sérieuses ont eu lieu en mars. L’une près de la frontière libanaise où le véhicule d’une patrouille israélienn­e a été détruit, sans dommage majeur pour ses passagers, par une bombe placée au bord de la route. L’autre, plus à l’est, le long de la frontière syrienne, où une section de parachutis­tes israéliens a dû affronter des tirs de roquettes et de mortiers qui ont fait quatre blessés dans ses rangs. L’attaque venait d’un secteur sous contrôle de l’armée de Bachar al-Assad. Pour l’état-major israélien, résolu à interdire aux miliciens libanais d’introduire depuis la Syrie des armes modernes de longue portée, menaçantes pour son territoire, ces accrochage­s constituen­t apparemmen­t une riposte à la destructio­n, fin février lors d’un raid aérien, d’un dépôt d’armes du Hezbollah dans la plaine libanaise de la Bekaa, près de la frontière syrienne. Mais cette recrudesce­nce d’activité dans une région aussi sensible révélerait aussi, selon les mêmes sources, une montée en puissance militaire de la milice chiite libanaise, liée à sa participat­ion à la guerre civile syrienne aux côtés du régime de Damas. Alors que 3000 à 5000combat­tants du Hezbollah sont actuelleme­nt présents en Syrie, les experts militaires israéliens estiment que, par le jeu des relèves, ce sont depuis un an près de 8000hommes du Parti de Dieu – soit la majorité de ses forces– qui sont passés par le champ de bataille syrien. Où ils ont amélioré leurs capacités opérationn­elles et renforcé leur déterminat­ion, même s’ils ont perdu plusieurs centaines de combattant­s, ce qui a provoqué des remous au sein de la communauté chiite libanaise. « Ils ne sont pas au niveau de nos unitésd’ élite, analyse un officier israélien, mais à la hauteur de notre infanterie. » Jusque-là attentifs mais circonspec­ts face à la guerre civile syrienne, les dirigeants israéliens refusent de choisir entre le régime de Damas, autrefois garant de stabilité mais au ban des nations, et une rébellion qui les expose au risque de voir s’instaurer à leur frontière un chaos fanatique à la somalienne. Ils suivent les combats avec vigilance et réserve, tout en accueillan­t dans leurs hôpitaux près de 600 blessés, pas tous civils, évacués à travers la frontière. Mais ils doivent constater désormais que la contagion du conflit les menace et que la trêve tacite, qui s’était instaurée avec le Hezbollah, touche peut-être à sa fin.

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