L'Obs

L’adoption à géométrie variable

- Caroline Brizard

La loi sur le mariage pour tous, dite loi Taubira, promulguée le 18mai 2013, autorise les couples de même sexe à se marier et à adopter. Mais cette adoption n’est pas automatiqu­e. Le 29 avril, le tribunal de grande instance de Versailles a refusé à deux femmes l’adoption plénière de l’enfant de leurs épouses respective­s car il avait été conçu par procréatio­n médicaleme­nt assistée (PMA). Or le Code de Santé publique reste ambigu. Il autorise la PMA pour les cas prévus par la commission d’éthique, à savoir au sein des couples hétérosexu­els stériles, sans l’interdire formelleme­nt pour les couples de femmes ou les célibatair­es. Or les deux enfants, une fille et un garçon, étaient nés par PMA au sein de couples de femmes. Au regard du droit français, ils n’étaient ni tout à fait hors la loi ni tout à fait dans les clous. Le tribunal de Versailles a choisi d’interpréte­r la loi de façon stricte.

« Le tribunal a refusé de prononcer l’adoption considéran­t que, ces femmes s’étantrendu­esàl’étrangerpo­urbénéfici­erdePMAalo­rsqu’enFrance elle n’est pas ouverte aux couples de femmes, ces déplacemen­ts constituen­t une “fraude à laloi” », a expliqué Me Caroline Mecary, l’avocate qui défendait l’un des couples. Mais d’autres juridictio­ns – une dizaine, selon elle – en France ont choisi d’être plus souples. S’appuyant sur cette jurisprude­nce, l’avocate veut donc faire appel du jugement du 29 avril.

De leur côté, les associatio­ns de défense des homosexuel­s continuent de réclamer le droit à la PMA pour les couples de femmes. Certains juristes objectent que cette propositio­n est irrecevabl­e, car elle introduira­it une discrimina­tion, contraire au droit français, entre les couples de femmes et les couples d’hommes, qui ne peuvent recourir à la PMA. Sauf si ces derniers pouvaient utiliser la gestation pour autrui (GPA), ce qui est strictemen­t interdit en France.

Pour couper court aux discussion­s, la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, continue de marteler, comme elle l’a fait sur France3 le 27avril, que « la procréatio­n médicaleme­nt assistée pour les couples de femmes n’est pasàl’ordre du jour » . Une « reculade », selon les associatio­ns lesbiennes-gays-bi-trans (LGBT).

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Partisans du mariage pour tous, ils plaident pour la procréatio­n médicaleme­nt assistée. A Paris, le 23 avril 2013

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