OBSESSION
Début avril, le salon du meuble de la capitale lombarde a accueilli plus de deux mille quatre cents éditeurs du monde entier. Revue de détail
Le meilleur de Milan Le Salon du Meuble a célébré le design en accueillant plus de 2 400 éditeurs du monde entier
Durant le marathon du Salone del Mobile, qui vous entraîne des immenses halls de la foire officielle au parcours off du centre-ville avec ses happenings, expos et installations, mieux vaut (pour les lève-tôt) commencer par prendre un capuccino à la Pasticeria Cucchi, corso Genova, voire un apéro (pour les couche-tard) au Bar Basso, via Plinio. Il s’y passe toujours quelque chose durant la « design week » . Vous y croisez la fine fleur du design international comme Philippe Starck, Luca Nichetto, Marc New-son, venus papoter autour d’un verre de Spritz. Et le design, tout comme la mode, restent sacrés dans la capitale lom- barde. Entre les poids lourds italiens, les petites maisons d’édition et les jeunes créateurs émergents, les projets sont innombrables. Tout voir s’avère mission impossible. Mais parmi les milliers de tables, chaises et canapés exposés (le monde en est pourtant saturé), des nouveautés intéressantes, dont beaucoup dans des matériaux éco conçus – bois, cuir, textile –, histoire de se donner bonne conscience. Les prix restent élevés (parfois trop). Mais la qualité suit. Des matières très travaillées, beaucoup d’imprimés, des formes graphiques, pop art, voire surréalistes… Exemple avec le meuble de rangement Shanti signé Doshi & Levien pour Bd Barcelona, la bibliothèque hypnotique Pixl de Fabrice Berrux chez Roche Bobois ou encore le buffet Tudo Bonanza, imaginé par Ferruccio Laviani qui révèle un assemblage de formes et motifs hétéroclites tout en noir et blanc. Dans un esprit plus sobre, l’éditeur Petite Friture
présentait son premier canapé (très féminin) Nubilo, avec ses coussins en forme de galets, signé Constance Guisset, tandis que chez Magis, le designer allemand Konstantin Grcic exposait sa Kyudo Chair, combinant des matériaux issus des sports de haute performance. Dans le même esprit high-tech mais associé au respect du savoir-faire artisanal, Patrick Jouin joue l’élégance suprême avec sa table en bois Caruso chez Busnelli. Quant à l’espagnole Patricia Urquiola que l’on voit partout, elle signe à la fois un canapé modulable en jersey pour Moroso et une première cuisine pour Boffi, où se mélangent des matériaux éco conçus avec le métal, la lave ou le cuivre. Enfin, via Savona, spot de friche industrielle devenu un haut lieu de la branchitude milanaise, les collections Moooi, sous le patronage du sémillant directeur artistique hollandais Marcel Wanders, se découvraient au travers des photographies en trompe l’oeil de Massimo Listri. Une scénographie grandiloquente en parfaite harmonie avec les fauteuils inspirés des velours brochés Grand Siècle et les Love Sofas dans lesquels vous pouviez débusquer certains journalistes assoupis… Hermès enrichit sa collection Home avec deux lignes de luminaires réalisées par le grand Michele De Lucchi tandis que le plasticien français Yann Kersalé a imaginé La Lanterne d’Hermès, une lampe nomade et modulable. Autre style tout en finesse chez Foscarini, qui dévoilait la nouvelle lampe sur pied Lighting de Jean-Marie Massaud, aux côtés du modèle Tuareg, de Ferruccio Laviani, éclatant arbresculpture aux branches lumineuses. Enfin, coup de coeur pour le duo d’architectes d’intérieur du studio Dimore. Leur univers vintage chic entre ombre et lumière séduit de Paris à Mexico. Avec leur mobilier cuivré où se mêlent à la fois les arts décoratifs et l’art contemporain, ces deux-là sortent assurément du lot des talents qui fourmillent à Milan.
La chance aux Français
Mettre en avant la nouvelle génération du design hexagonal est le fer de lance de l’initiative lancée par le VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement), soutenue par le ministère du Redressement productif. Et c’est au Superstudio Più, via Tortona, que l’on pouvait découvrir 17 prototypes en quête d’éditeurs. On a déjà repéré le fauteuil relax Max de Bernard Moïse et l’amusante console Balka de Grégoire de Lafforest. Faites vos jeux !