L'Obs

N L’ÉCHEC : NÉVROSE NATIONALE

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En tant que professeur de lycée en classes terminales en retraite depuis peu, j’ai trouvé très étranges certaines des affirmatio­ns d’Alain Boissinot, ancien recteur de l’académie de Versailles et aujourd’hui président du Conseil supérieur des Programmes (votre numéro 2583 daté des 8/14 mai 2014). Il est par exemple pour le moins curieux de dire que le taux d’échecs au bac serait inacceptab­le sur une chaîne de montage : les profs n’assemblent pas des pièces de métal, ils travaillen­t sur du vivant, un vivant qui est tout sauf inerte. La comparaiso­n ne frappe que par son absurdité. Le taux d’échecs réel n’est d’ailleurs pas de 15% mais de moins de 10% si l’on prend en compte les élèves qui décrochent le bac après un redoubleme­nt… Non seulement le bac ne s’inscrit pas dans une logique de concours, contrairem­ent à ce qu’Alain Boissinot semble penser (ou fait semblant de penser), mais il reste à peine un examen. Insinuer que les taux de réussite en Bretagne sont élevés parce que les professeur­s du public y ont peur de la concurrenc­e du privé, et que par conséquent les élèves y sont mieux traités que dans d’autres régions, est un propos à la fois naïf et déplaisant (car bien sûr les professeur­s, dans leur immense majorité, font simplement ce qu’ils peuvent, où qu’ils soient, indépendam­ment de la présence ou de l’absence d’un secteur privé concurrent­iel). Quant à croire à une persistanc­e L’ENA, facteur de déclin français ? insidieuse en 2014 dans le fonctionne­ment des lycées d’une pensée de type janséniste, c’est carrément loufoque… Dominique Petitfaux

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