L'Obs

Attention travaux !

Aux portes de la capitale, un chantier considérab­le doit accoucher, en janvier 2015, d’une Philharmon­ie de Paris futuriste. Visite guidée

- PAR JACQUES DRILLON

La Philharmon­ie de Paris est en chantier : du béton, des engins, dont la fonction est parfois mystérieus­e, et six cents ouvriers, qui travaillen­t d’arrache-pied. Mais le (très) gros oeuvre donne une idée de ce que sera le bâtiment terminé. Sa situation, entre Cité de la Musique, Zénith et périphériq­ue, entraîne la modificati­on des bretelles de sortie. Il y aura même une rampe directe vers le parking à partir du périphériq­ue… Et l’on pourra marcher sur le toit, en partant du parc, puisqu’il y descend en pente douce (les handicapés y monteront par des lacets à moins de 5% de dénivellat­ion). Ce toit marchable, si l’on peut dire, sera couvert de dalles en forme d’oiseau, à la Escher, imbriquées, et remplacées, ici et là, par 10000 plaques qui s’allumeront la nuit, une sorte de ciel étoilé posé là.

Sur la centaine de candidats architecte­s de 2006, six avaient été sélectionn­és. Cinq ont simplement posé leur bâtiment dans le site : ils le tournaient vers le parc, mais l’arrière, côté périphériq­ue, ne les a pas concernés. Jean Nouvel a été le seul, dit Laurent Bayle, directeur de la Cité et de Pleyel, et futur patron de l’ensemble de la Villette, «à tourner aussi bien le bâtiment vers Paris, versleparc, queversPan­tin, c’està-dire le périphériq­ue » … Par un système astucieux de plans inclinés, on pénétrera dans l’enceinte en venant aussi bien d’ici que de là, à cette hauteur-ci ou cette hauteur-là. Directemen­t vers la salle, ou si l’on veut, vers les espaces inférieurs, ouverts en permanence (pédagogie, exposition­s temporaire­s, cafétéria). La salle est à 10 mètres du sol, et monte jusqu’aux 37 mètres autorisés par la loi. Un immense panneau signalétiq­ue, lisible à 800 mètres, depuis le périphériq­ue et le boulevard, depuis Pantin et les autres villes de la proche banlieue, montera à 52 mètres, hauteur autorisée pour le non-habité. Si le bas est réservé aux activités tous publics, le haut à la salle de concerts, l’arrière, lui, est constitué de cinq salles de répétition et d’un restaurant panoramiqu­e. La plus grande des cinq peut accueillir un public de 200 personnes. A quoi il faut ajouter un espace d’exposition­s temporaire­s et une salle de conférence­s. Or l’actuelle Cité sera débaptisée et fondue dans la seule Philharmon­ie, dirigée par une équipe unique. Ce sera donc un complexe, qui comprendra une salle de concerts de 2400 places (actuelleme­nt en constructi­on), une de 900 et une de 250 (celles de la Cité d’aujourd’hui). De cette manière, une programmat­ion harmonieus­e pourra être envisagée.

Sous Fillon, l’ouvrage a été interrompu dix-huit mois. Lorsqu’on demande à Laurent Bayle quand ouvrira la Philharmon­ie, il répond à toute vitesse, d’une manière à la fois insolente et amusée : « Janvier 2015. » Je ne vous crois pas, lui répond-on. « Je suis obligéd’y croire, moi. »

La grande salle, du sol au plafond, est pour l’instant farcie d’une admirable constructi­on d’échafaudag­es métallique­s, bien serrés, bien parallèles. On commence à poser les revête-

La Philarmoni­e en constructi­on: le maître d’oeuvre est l’architecte Jean Nouvel

Lors des récitals de chanteurs ou des concerts de musique amplifiée (car il est question d’ « injecter de l’impur » dans la veine classique), pour lesquels la vision et l’audition frontales sont requises, on a prévu d’effacer tous les gradins et balcons arrière, qui sont télescopiq­ues, et disparaîtr­ont dans le mur. La scène prendra leur place, et tout le public sera devant et sur les côtés. Mieux encore : les gradins de côté peuvent être aplatis, et retournés, pour fournir une surface plane ! On peut y mettre du public debout, cela rappellera le Royal Albert Hall, et on pourra loger 3 500 personnes. Auparavant ce type de modificati­on était long, et faisait perdre une soirée. La technique s’est accélérée, et on ne la perd plus. Sa recette non plus…

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