L'Obs

OBSESSION SPÉCIAL MODE

Les récents défilés de Milan, Londres et Paris dévoilaien­t les vêtements masculins de l’été 2015. Avec une prédilecti­on pour la nonchalanc­e, le badinage, l’humour et le réchauffem­ent climatique

- Par Joseph Ghosn, olivier wicker, yasmin kayser et tess lochanski

L’ère du repos A Milan, Londres et Paris la mode masculine de l’été 2015 se dévoile

Est-ce un signe de l’époque qui change ? Les garçons n’avancent plus masqués. Ils préfèrent se montrer torse nu – ou, comme chez le Belge Dries Van Noten, avec une sangle traversant la poitrine. La collection présentée par ce dernier résumait bien l’ensemble des tendances des collection­s masculines de l’été prochain. Il était possible d’y voir des silhouette­s joliment relâchées, habillées de costumes décontract­és, relevant davantage d’un pyjama de soie confection­né pour un dandy londonien ou madrilène fin de siècle que du business suit. On y apercevait aussi, en filigrane, le souci de sculpter des silhouette­s aux allures légèrement indolentes, habillées pour un été, dont on ignore très clairement la nature, mais que l’on espère reposant.

La fin des saisons a précipité la mode dans un bouillon créatif, où tout s’emmêle ; les vêtements d’été ont perdu la clarté de leur fonction. De sorte que l’on peut désormais, en plein été, superposer une veste classique et un blouson un peu rock, mettre un costume d’allure très classique avec des sandales de plage, se le faire élégamment barioler comme chez Dior Homme ou le porter avec les genoux déchirés comme chez Kris Van Assche. Il y avait aussi de l’espace pour beaucoup d’humour. Comme chez Kenzo, où les deux directeurs artistique­s de la marque, Umberto Leon et Carol Lim, ont construit leur collection autour de l’idée de cet exotisme qu’ils éprouvent, eux les Californie­ns, dans leurs bureaux parisiens, mais aussi new-yorkais. Du coup, les vêtements qu’ils proposent, pour l’été prochain dessinent la figure d’un touriste qui ose l’extravagan­ce lorsqu’il se promène loin de chez lui. Une extravagan­ce qui se lit dans la façon de déconstrui­re les vêtements, de les imprimer à coups de gros pois pop ou de plaquer les figures de Gavroche et de la statue de la Liberté sur des débardeurs que l’on aurait vus sur des étals à la sauvette mais qui, récupérés par une marque de luxe, deviennent les étendards d’un nouveau tourisme, décontract­é, décomplexé, qui ose les mélanges. Chez le jeune créateur Julien David, il y avait la même décontract­ion à l’oeuvre: il a fait imprimer un smoking en trompe l’oeil sur une combinaiso­n de surf comme pour signifier que l’on peut être bien habillé tout en étant prêt à se mouiller entièremen­t. Le meilleur des deux mondes.

Au milieu de ces mixages stylistiqu­es, un nivellemen­t par le haut semble s’être produit : les marques les plus classiques adoptent désormais les manières de celles qui étaient, hier encore, avant-gardistes. Les plus tempérées osent désormais des silhouette­s plus innovantes, plus radicales. Chez Valentino, les costumes amples se laissaient envahir par des motifs cachemire, le tout exhalant une douceur de vivre très nonchalant­e, appropriée à l’anarchie contempora­ine du climat et de son réchauffem­ent programmé.

 ??  ?? kenzo
kenzo

Newspapers in French

Newspapers from France