L’énigme Vallaud-Belkacem
Surdouée ou surfaite ?
L es palais de la République sont tétanisés. Rendez-vous annulés, cabinets en apnée, réunions remises au lendemain. Tel un attelage entraîné par un cheval fou, le gouvernement a versé dans le fossé. Ce lundi 25 août, Arnaud Montebourg quitte Bercy emporté par ses tirades contre la politique d’austérité mise en oeuvre par François Hollande et Manuel Valls. Dans la foulée, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti claquent la porte. La fracture est idéologique, le doute ronge les esprits socialistes. Il faut recomposer un gouvernement dans l’urgence. Au fracas succède la sidération dans les ministères. Dans tous, sauf un. A l’hôtel de Broglie, derrière les portes de la salle LouiseWeiss, Najat Vallaud-Belkacem et ses conseillers chantent. La jeune ministre aux Droits des femmes, à la Ville, à la Jeunesse et aux Sports a lancé la playlist de son smartphone pour un karaoké improvisé. Jean-Jacques Goldman, encore et toujours, elle adore. Le son n’est pas terrible. Elle s’absente une seconde et revient de son appartement de fonction, rayonnante, avec des ba es. « Envole-moaaa… Envole-moaaa… » « C’était surréaliste »,
raconte un témoin encore estomaqué par cette « légèreté » en pleine tempête, ce parfum d’ « inconscience » face au « tournant politique majeur que nous vivions » . « C’est la manière qu’a Najat d’aider son équipe à relâcher la pression », plaide un de ses proches. Chanter, quand il ne sert à rien de désespérer.
Bien lui en a pris, le destin ne s’est pas vengé. Vingt-quatre heures plus tard, à l’autre bout du téléphone, le président, d’une voix solennelle, sonde sa détermination : « Ce sera dur, tu sais ? » A la veille de ses 37 ans, Najat Vallaud-Belkacem devient la première femme ministre de l’Education nationale. Sa jeunesse