C’est l’Allemagne des années 1920 ou la France des années 1930 ?
Tout à fait. Voire, peut-être, la France des années 2010… C’est une phase d’instabilité maîtrisée. Normalement, ces tensions sont régulées par le système démocratique qui vise à organiser la confrontation des di érences légitimes. Mais elles peuvent s’aggraver, soit parce que certains facteurs d’instabilité se détériorent soit parce que les éléments de résistance démocratique s’a aiblissent. De ce terreau sort un diable qui naît dans le quotidien et se nourrit de crises économiques, politiques, religieuses ou idéologiques. Cet engrenage se manifeste par l’affirmation d’extrémistes qui recherchent la loi, l’ordre, le retour au passé, c’est-àdire des repères fermes dans un climat de confusion où les crises ébranlent les repères antérieurs. Toutefois, ces groupes extrémistes demeurent minoritaires… Oui, mais ces minorités prospèrent sur la passivité de la majorité. Le rejet et la peur de l’autre contribuent à créer des boucs émissaires et à inventer des complots. Cette dynamique conduit à une deuxième étape où les tensions semblent immaîtrisables. Le besoin d’ordre et de sécurité gagne une grande partie de l’opinion, rarement majoritaire (33,1% pour les nazis aux dernières élections libres) mais qui trouve des alliés de circonstance… On glisse vers des régimes hybrides dont le contenu devient plus autoritaire avec une restriction des libertés et un a aiblissement