Salaud de journaliste !
PAR JANET MALCOLM, TRADUIT PAR LAZARE BITOUN, J’AI LU, 224 P., 6,70 EUROS.
« Le journaliste qui n’est ni trop bête ni trop imbu de lui-même pour regarder les choses en face le sait bien : ce qu’il fait est moralement indéfendable. » Aux Etats-Unis, « le Journaliste et l’Assassin », avec cet incipit qui tape dur, est culte. Chez nous, poussé par Emmanuel Carrère, il s’est taillé une solide réputation chez les écrivains. L’histoire : un médecin, condamné pour le meurtre de sa femme et de ses enfants, engage un écrivain pour défendre la thèse de son innocence ; l’écrivain devient son ami, emménage dans sa maison, participe à sa défense ; mais, convaincu de sa culpabilité, il finit par publier un livre entièrement à charge, où le médecin est décrit comme un psychopathe ; trahi, celui-ci lui intente un procès. De ce procès, bien réel, Janet Malcolm a tiré cet essai où chacun croit manipuler l'autre et finit détruit par sa propre naïveté. Puisant dans la psychanalyse et les sciences du comportement, elle explore, sévère et intelligente, notre vanité et notre mauvaise foi. Et dévoile les mécanismes sordides de l’écriture. s’enthousiasme encore Sylvain Augier, se remémorant son reportage télévisé à Taormina. L’ex-animateur et globe-trotter de « Faut pas rêver » et de « la Carte aux trésors » raconte ses souvenirs et ses émotions au gré de chapitres très courts et ciselés. Tout l’a émerveillé, même l’inauguration par Mitterrand du premier TGV reliant Paris à Lyon en 2h40. Un exploit devenu banal, mais pas pour lui.