Veinstein sans micro
VENISE, ALLER SIMPLE, PAR ALAIN VEINSTEIN, SEUIL, 320 P., 19 EUROS.
Un roman ? Plus exactement un journal en miettes, un « carnet des jours sans suite » dans lequel Alain Veinstein, ou son alter ego narrateur, raconte un douloureux sevrage, celui de la radio où, pendant trente ans, il a été la voix trouée de silences de « Du jour au lendemain » sur France-Culture. « Au fond, le jour de ma première émission, je suis entré dans le ventre d’une baleine dont je viens d’être recraché complètement broyé. » Rayé des ondes sans autre forme de procès le 4 juillet 2014 après avoir reçu plus de 7 000 écrivains dans son studio de Radio-France, on aurait pu croire que cet assidu pratiquant de l’éthique de l’effacement allait trouver la paix de l’âme. Las ! Pour ce « pauvre diable à la croisée des mots » , impossible de leurrer sa passion presque charnelle pour la littérature, le théâtre, la musique, la vie ! Il est toujours une tentation qui veille. Venise, la douceur de la peau des femmes, l’écriture… Et plus que toute autre, celle d’échafauder mille itinéraires pour ne pas rejoindre l’horizon avant d’avoir épuisé le souffle puissant du rêve.