L'Obs

CHRONIQUE D’UN MASSACRE ANNONCÉ

Au départ, c’était un mouvement de contestati­on contre la volonté du président Pierre Nkurunziza de se maintenir au pouvoir. Mais le poison du conflit ethnique entre Hutus et Tutsis a refait surface insidieuse­ment. Et l’ombre du génocide rwandais plane su

- DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE AU RWANDA ET AU BURUNDI, NATACHA TATU WILL BAXTER-RIC FRANCIS

Juvénal (1) dormait encore quand ils ont déboulé dans le quartier. Une quarantain­e d’hommes, certains en tenue de policier, d’autres en civil. Il est sûr d’avoir entendu hurler : « Où sont ces

chiens de Tutsis ? », puis des rafales de mitraillet­te, tirées dans les portes. La sienne a sauté tout de suite. Cette nuit-là, il hébergeait un couple d’amis. L’homme a été tué à bout portant. La jeune femme, ils l’ont embarquée. « Je ne sais

pas ce qu’elle est devenue », raconte ce célibatair­e de 28 ans d’une voix sourde. Lui a été roué de coups, avant d’être jeté dans un pick-up, poignets et chevilles attachés dans le dos, une corde autour du cou. Asphyxié, il

s’évanouit : « Croyant que j’étais mort, ils m’ont balancé dans la rivière. » Quand il ouvre les yeux, il gît sur un tas de cadavres. Il en compte huit,

« au moins », en reconnaît deux : « Un jeune voisin avec des troubles men

taux et un chi onnier. » Il appelle au secours. Un passant le libère et le conduit à l’hôpital, où il reste quelques jours, en état de choc. Depuis, terrorisé, il se cache, change d’adresse toutes les nuits, n’ose plus reprendre son travail de chau eur ni même aller en ville. Venir nous rencontrer dans cette villa protégée des regards, en vérifiant sans cesse qu’il n’était pas suivi, fut un véritable parcours du combattant. « Je n’ai plus de vie, plus d’avenir. Je ne sais pas ce que je vais devenir. »

A 33 ans, Justin, lui, est prof de maths. Le 11 décembre, il se rendait comme chaque matin à l’école avec son petit frère quand les premières rafales ont éclaté. Il s’est réfugié dans une cafétéria dont le patron a précipitam­ment baissé le rideau. « On est restés là toute

la journée, cachés sous le comptoir. » Quand ils ont cru le calme revenu, les deux hommes sont prudemment sortis de leur cachette avant de tomber nez à nez avec une patrouille. « Ils nous ont ligotés, déshabillé­s, traînés par terre, battus comme des chiens, dit-il, montrant les nombreuses cicatrices qui marquent ses bras, sa

poitrine, ses pieds. Ils voulaient qu’on avoue quelque chose, mais on ne savait pas quoi. Je suis un enseignant, moi, pas un terroriste ! » C’est l’interventi­on musclée d’un membre de sa famille, gradé dans la police, qui leur sauve la vie, in extremis. « Il a menacé de les tuer

lui-même s’ils ne nous relâchaien­t pas très vite. » Ça a marché. Traumatisé, lui aussi se cache, n’ose plus reprendre son travail.

Ils sont au moins 6 000, comme Juvénal et Justin, à avoir été arrêtés depuis avril dernier, à Bujumbura. Eux ont eu de la chance. Beaucoup ont disparu. Dans ces quartiers désignés comme « contestata­ires » par le pouvoir, tous les hommes, jeunes, sont désormais suspects, susceptibl­es d’être arrêtés, torturés ou exécutés sans sommation. Même ici, à l’abri des regards, ils n’osent pas avouer qu’ils ont participé aux manifestat­ions monstres qui ont enflammé le pays, après le 25 avril dernier, quand le président Pierre Nkurunziza a décidé de briguer un troisième mandat, au mépris, selon eux, de la Constituti­on. Ils ont peur. Une peur dingue, viscérale. Comme tout le monde, ici, à Bujumbura.

Di cile de trouver des témoins dans ces quartiers où chacun, désormais, craint de se retrouver sur une liste noire. Il su t de si peu. Un cliché pris lors des manifestat­ions, un indic, un voisin jaloux… « Avant, on risquait la prison, résume un avocat de l’opposition réfugié au Rwanda. Mais aujourd’hui, c’est la mort. » Le visage fermé, dévastée par la tristesse et la colère, Yvonne est l’une des rares à vouloir parler. C’est très courageux : cette mère de famille connaît les risques, dans ce quartier populaire de Cibitoke où les relations entre la population et la police sont particuliè­rement tendues. Son neveu de 24 ans qu’elle a élevé comme un fils a été enlevé le 11 janvier alors qu’il allait chercher un Fanta au coin de la rue. Dans la foulée, les policiers ont mis sens

dessus dessous sa maison : « Ils cherchaien­t des armes. Ils n’ont rien trouvé, mais en ont profité pour voler 10 000 francs burundais (6 euros) à la domestique », dit-elle. Une pratique

courante : « Ils prennent des bières, des portables, tout ce qu’ils trouvent. Même des vêtements. C’est devenu un business. » Yvonne, elle, cherche son neveu partout, dans les commissa

riats, les prisons, jusqu’à « la documen

tation » (les services de renseignem­ent) où auraient lieu de nombreux interrogat­oires. En vain. Un voisin, qui a assisté à l’ar

restation, ne lui laisse guère d’espoir. « Il était déjà presque mort quand ils l’ont jeté dans le pickup. » Yvonne espère encore : « Quelquefoi­s, les jeunes sont relâchés contre une rançon. Un policier te demande 500 000 francs Bu ou un million, promettant d’intervenir pour le libérer. Quelquefoi­s cela marche, quelquefoi­s non. » Yvonne serait prête à payer… Mais on ne lui a rien demandé. C’est mauvais signe.

Ça se passe comme ça, aujourd’hui, à Bujumbura. Depuis huit mois, la capitale du Burundi est plongée dans une guerre dont on ne connaît pas encore le nom. Presque chaque jour, et surtout chaque nuit, des rafales de kalachniko­v et des tirs de grenade déchirent la nuit. Toujours la même histoire. Des jeunes qui harcèlent les commissari­ats. En réponse, des arrestatio­ns, des morts.

« Avant, ils les abattaient en pleine rue. On trouvait les corps au petit matin, sur le bas-côté. Aujourd’hui, ils ont peur de la communauté

internatio­nale. Ils les enlèvent et on ne les revoit plus », glisse un journalist­e réfugié à Kigali. Images satellite à l’appui, Amnesty Internatio­nal a confirmé l’existence de nombreuses fosses communes. Alors, est-ce une guerre civile ? Les prémices d’un génocide ? Tandis que la communauté internatio­nale débat de cette épineuse question, le Burundi s’enfonce dans la terreur. Une fois de plus. A croire, vingt ans après le génocide rwandais, que l’histoire bégaie. « Tous les ingrédient­s qui existaient au Rwanda avant le génocide sont là » , constate Seraphine Mukantaban­a, la ministre rwandaise de la Gestion des catastroph­es et des réfugiés (Midimar), rencontrée au camp de Mahama, où plus de 60 000 Burundais, des paysans tutsis pour la plupart, se sont réfugiés depuis avril. Grande di érence par rapport à 1994 : cette guerre fratricide, la population n’en veut pas.

EN 2000, UNE EUPHORIE DE COURTE DURÉE

Depuis l’indépendan­ce en 1962 de ce petit pays des Grands Lacs, son histoire n’a cessé d’être traversée, sur fond de rivalité entre Hutus et Tutsis, par ces conflits politico-ethniques meurtriers. En 1993, un coup d’Etat contre le président Melchior Ndadaye, cent jours après son investitur­e, va donner lieu à quinze ans de guerre civile, décimant le pays tout en contaminan­t le Rwanda voisin : 300 000 morts au Burundi, et près d’un million au « pays des mille collines », principale­ment tutsis. Cette fois encore, les racines du conflit sont politiques. Tous les opposants au régime, qu’ils soient hutus ou tutsis, sont ciblés. Mais le poison de l’ethnicité circule. « Hélas, les dimensions politique et ethnique ont toujours marché ensemble au Burundi », soupire Me Dieudonné Bashirahis­hize, un ténor du barreau, réfugié comme la plupart de ses confrères à Kigali.

Comment en est-on arrivé là ? En 2005, après l’élection du président Nkurunziza (dont le père est hutu et la mère tutsie), le pays espère en avoir fini, une fois pour toutes, avec ses vieilles rivalités ethniques. Le parti majoritair­e, le CNDD-FDD, a beau être principale­ment composé de Hutus issus de la rébellion, son accession au pouvoir marque l’émergence d’une nouvelle génération de politiques. « On était tous heureux, confiants. On a fait taire nos inquié

tudes », se souvient Me Dieudonné Bashirahis­hize. Signés en 2000 sous l’égide de Nelson Mandela, les accords d’Arusha, qui prévoient une répartitio­n équitable des portefeuil­les ministérie­ls, des postes de policiers et de militaires entre les deux ethnies, laissent augurer une ère nouvelle. Contrairem­ent au Rwanda voisin, les médias sont libres, l’opposition a droit de parole, les organisati­ons de la société civile ont pignon sur rue. Las, cette euphorie sera de courte durée. Dès 2007, des cadavres d’opposants, pour la plupart internes au régime, sont retrouvés dans la rivière qui traverse la capitale. Dans la lutte entre le noyau dur du parti au pouvoir et sa branche réformatri­ce, le premier l’emporte. La seconde est éliminée. Ainsi, l’activiste des droits de l’homme Ernest Manirumva, qui enquêtait sur les trafics d’armes entre les ex-génocidair­es rwandais et le parti du président, sera assassiné sauvagemen­t en 2009. « En fait, le président a continué à diriger le pays comme il avait dirigé la rébellion dans le maquis » , analyse Me Bashirahis­hize. Sur fond de répression­s, les élections de 2010 se déroulent dans un climat tendu. En 2013, une première loi écorne la liberté de la presse. Des radios privées sont fermées, d’autres carrément incendiées. Et, petit à petit, tandis que l’échéance électorale se rapproche, le problème de l’ethnicité refait insidieuse­ment surface. Comme en février dernier, le jour de la célébratio­n nationale, où le président hutu dénonce le caractère « mono-ethnique »

– entendre « tutsi » – des organisati­ons représenta­nt la société civile… Plus grave : des camps d’entraîneme­nt paramilita­ires d’ Imboneraku­re, (littéralem­ent « ceux qui voient loin », en

kirundi), constitués de jeunes fanatiques dévoués au pouvoir, de désoeuvrés et d’anciens combattant­s hutus du Rwanda, se mettent en place un peu partout dans le pays. Comme au Rwanda vingt ans plus tôt. « On a compris que le président ne préparait pas sa succession comme le prévoyaien­t la Constituti­on et les accords d’Arusha, mais au contraire son maintien, de gré ou de force. Le pouvoir est entré dans une phase autoritair­e », ajoute Me Janvier Bigirimana, en exil à Kigali.

“UN TROISIÈME MANDAT, POUR QUOI FAIRE ?”

Le 26 avril, après l’annonce du président de sa volonté de briguer un troisième mandat, une foule dense de protestata­ires envahit les rues de Bujumbura. « Tout le monde était là, toutes ethnies confon

dues », insiste le père Ignace, un prêtre aujourd’hui réfugié au Rwanda. Au sein même du camp présidenti­el, le coup de force de Nkurunziza est loin de faire l’unanimité. Un groupe de « frondeurs » se désolidari­se avant de prendre à son tour le chemin de l’exil. L’opinion publique burundaise, en vérité, est à cran : la situation du pays, l’un des plus pauvres de la région, est calamiteus­e. Au Rwanda voisin, le président Paul Kagamé est loin d’être un grand démocrate. Mais, bien décidé à faire de Kigali « le Singapour de

l’Afrique », il n’a cessé, depuis qu’il est au pouvoir, de lutter contre la corruption, faisant grimper son pays de plusieurs crans dans les principaux baromètres du développem­ent. Le contraste avec le Burundi, où tous les indicateur­s sont dans le rouge, est saisissant. La corruption est endémique, tout comme la pauvreté, le chômage, l’illettrism­e… « Alors un troisième mandat, pour quoi faire ? Ça a été la goutte d’eau de trop », s’indigne Marie-Louise Baricako, présidente du Mouvement des Femmes et des Filles pour la Paix et la Sécurité au Burundi (MFFPS), elle aussi réfugiée au Rwanda. Le mouvement « halte au troisième mandat », qui rassemble à la fois l’opposition et les ténors de la société civile, espère une solution

pacifique, à la burkinabé. Plusieurs milliers de jeunes descendent alors dans la rue, toutes ethnies, toutes classes sociales confondues. « Le pouvoir a très vite tenté d’instiller le poison ethnique, en insinuant que seuls les Tutsis manifestai­ent, qu’on était jaloux et revanchard­s, qu’on voulait reprendre le pouvoir, explique Me Janvier Bigirimana. Mais on avait dépassé

ce clivage. » D’abord dispersés à coups de gaz lacrymogèn­e, les manifestan­ts, de moins en moins pacifiques, affrontent, début mai, des tirs à balles réelles. Le 13 mai, un coup d’Etat militaire échoue lamentable­ment mais fait basculer le régime dans une terrible vague de répression. Persécutés, les journalist­es, accusés d’avoir laissé l’antenne aux insurgés, sont les premiers à quitter le pays, suivis des avocats, des

représenta­nts de la société civile… « Avant la crise, j’avais une clientèle diversifié­e avec, à la fois, des gens proches du pouvoir et des opposants, raconte Me Dieudonné Bashirahis­hize. Mais quand le barreau de Bujumbura a été signataire du mouvement “halte au troi

sième mandat”, tout avocat est devenu suspect. » Averti par un ami « qu’il était sur la liste », l’avocat a commencé par ignorer ces menaces, jusqu’à ce que son chauffeur, un ami de la famille, soit retrouvé mort au bord du lac Tanganyika en septembre dernier… Chauffés à blanc, les Imboneraku­re terrorisen­t le pays. Mêlés aux forces de police, ils enlèvent, torturent, rackettent, exécutent. Des cas de viol, sujet éminemment tabou, ultrapolém­ique, violemment démenti par le gouverneme­nt, sont recensés. Dans les campagnes que ces miliciens promettent de « lessiver », brandissan­t gourdins et machettes avec force chants guerriers, les paysans, terrorisés, abandonnen­t tout. Ne pas avoir assisté à un meeting en faveur du président ou habiter dans un des camps de réfugiés tutsis de l’intérieur, toujours en place depuis la guerre de 1993, suffit à faire de vous une cible. Depuis mai, plus de 200 000 personnes, un record pour ce petit pays de moins de 10 millions d’habitants, vont quitter à la hâte le pays pour gagner la Tanzanie, le Congo, le Rwanda voisins, où d’immenses camps de réfugiés sont montés en urgence… Le gouverneme­nt nie tout en bloc, dénonçant « de simples rumeurs », allant jusqu’à affirmer que ces réfugiés sont « sans doute payés pour

partir », selon Jean-Claude Ndenzako, porte-parole adjoint de la présidence. Mais, au sein même de la police, comme de l’armée, des voix s’élèvent. En juillet, Innocent a craqué. On le rencontre à Kigali, où il s’est réfugié avec sa famille. A 42 ans, ce policier haut placé, exconseill­er du ministre de l’Intérieur, a osé s’élever contre les

exactions des Imboneraku­re, « qui obéissent à un commandeme­nt

parallèle » . Il n’a plus voulu cautionner ces meurtres de la police qu’on lui demandait de nier. Sur son portable, des photos de cadavres, de jeunes torturés. « J’en connaissai­s plusieurs. » Il perd d’abord ses bureaux, puis on lui dit qu’il est « le prochain sur la liste » . Avec ses quatre enfants, il a tout quitté, la belle villa, la voiture et le salaire confortabl­e… « C’est très difficile, la vie est si chère ici. Il n’y a pas de travail pour nous. Mais au moins nous sommes vivants. »

Le 11 décembre, l’attaque de bases militaires par des rebelles a encore fait monter d’un cran la violence à Bujumbura. Réfugiés dans les collines, différents groupes de combattant­s sont sur le pied de guerre. La nuit, certains descendent dans les quartiers et attaquent à la grenade des postes de police. Au petit matin, les forces de l’ordre ripostent. « Pour chaque policier tué, il y a 200 jeunes massacrés. La guerre civile est inévitable », soupire le père Ignace, qui a dû se réfugier à Kigali pour avoir soutenu les étudiants contestata­ires. Le prêtre, lui aussi, redoute aujourd’hui « une crise qui évolue en génocide. Même si au départ ce conflit n’avait rien d’ethnique, trop de gens dans ce pays sont contaminés par ce poison ». Sur les réseaux sociaux, des photos de corps mutilés et des avis de recherche tournent en boucle, avec l’inévitable lot de manipulati­ons et de désinforma­tion. Tandis que le pays s’enfonce dans la répression, le gouverneme­nt, de plus en plus isolé, lâché par ses principaux soutiens financiers internatio­naux, s’enferme dans une logique paranoïaqu­e, et en veut à la terre entière. Au Rwanda voisin, où Paul Kagamé « le despote », comme on le surnomme au palais, est soupçonné de soutenir la rébellion ; à la Belgique, l’ancienne puissance coloniale, qui « finance, arme et soigne les

rebelles » ; à l’Union africaine, qui a proposé d’envoyer une force d’interposit­ion de 5 000 hommes, que Nkurunziza a vertement refusée, jurant qu’il combattrai­t « cette force d’invasion » ; à l’Union européenne, enfin, « qui cherche à décrédibil­iser le Burundi » , assène encore Jean-Claude Ndenzako, Convaincu que l’Europe « cherche

à donner du travail à ses ONG », voire à mettre la main sur les mines de nickel, il ne nie pas l’extrême dangerosit­é de la situation. Mais le gouverneme­nt, selon lui, n’y est pour rien. Le troisième mandat ? Un prétexte : « Le parti a choisi d’investir le président, la Cour constituti­onnelle a validé sa candidatur­e. » Le reste, selon lui, n’est que

manipulati­on. La presse muselée ? « Les médias ont eu beaucoup trop de liberté dans notre pays. Ils en ont abusé. » Les 220 000 réfu

giés ? « Je suis tenté de croire qu’ils sont payés pour fuir. » Bref, tout serait de la faute, selon lui, de la communauté internatio­nale et de « ces représenta­nts de la société civile qui se la coulent douce à l’étranger, tout en appelant à la guérilla urbaine et au massacre ».

En face, l’opposition se défend de toute implicatio­n dans la flambée de violence, surjoue la carte ethnique, martelant qu’il est hors de question de discuter avec un génocidair­e. Pas étonnant que les négociatio­ns soient au point mort. En attendant le cataclysme annoncé, chacun retient son souffle. Au sein de la communauté internatio­nale, beaucoup redoutent que le président ne soit victime d’un attentat. Comme le chef d’Etat rwandais dont l’assassinat en 1994 avait marqué le début du génocide. Pour l’instant, dos au mur, Pierre Nkurunziza s’enferre dans sa spirale répressive. Les rebelles fourbissen­t leurs armes. Et dans les quartiers, les Burundais prient pour une interventi­on internatio­nale, seul moyen d’arrêter, selon eux, le bain de sang. Car tout le monde le sait, il y a urgence. « La machine infernale est lancée, soupire le père Ignace. Sauf miracle, on va vers l’abîme. Ne nous laissez pas tomber. »

(1) Tous les prénoms ont été modifiés.

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 ??  ?? Juvénal a été enlevé, puis, considéré comme mort, jeté dans une rivière.
Juvénal a été enlevé, puis, considéré comme mort, jeté dans une rivière.
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 ??  ?? Patrouille de police dans les rues de Bujumbura, le 19 janvier.
Patrouille de police dans les rues de Bujumbura, le 19 janvier.
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Camp de réfugiés burundais de Mahama au Rwanda.

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