L'Obs

La “surprise” Rubio

- PHILIPPE BOULET-GERCOURT

Donald Trump n’a pas raflé le premier Etat de la course à la présidenti­elle, finissant 4 points derrière Ted Cruz dans l’Iowa, alors que les sondages lui donnaient une large avance. Les connaisseu­rs de ce petit Etat rural n’ont été qu’à moitié surpris : Cruz avait un discours taillé sur mesure pour les évangéliqu­es et il a pris la peine de rendre visite aux 99 comtés. Cela n’en fait pas (encore) un favori pour la suite, mais Trump s’est vu rappeler qu’il ne suffisait pas de débarquer de son avion, donner un discours et repartir pour gagner. Il a pourtant toutes ses chances dans le New Hamsphire, le 8 février. La vraie surprise, côté républicai­ns, est venue de Marco Rubio : avec 23% des voix, il rate d’un cheveu la deuxième place et se place en pole position pour devenir le candidat de la droite « normale ». On peut s’attendre à des ralliement­s de financiers du parti et d’élus républicai­ns influents. Rubio devrait aussi réduire (mais sans doute pas effacer) l’écart qui le sépare de Trump dans le New Hampshire, un Etat dont les électeurs adorent réserver des surprises. Cela en fait-il un favori incontesté du parti ? Ce n’est pas encore sûr. Les zones d’ombre de son CV mettent plus d’un républicai­n mal à l’aise et son discours plat et convenu, lundi soir, est venu rappeler que le jeune Rubio (44 ans) n’était décidément pas Reagan. A gauche, Hillary l’emporte sur le fil du rasoir au décompte des délégués. Son avance aurait été plus nette si les démocrates avaient publié le décompte des voix, mais peu importe : Hillary Clinton peut se déclarer vainqueur dans cet Etat où elle avait fini troisième en 2008, alors que Bernie Sanders obtient un résultat plus qu’honorable et reste en course pour la suite. Trop tôt pour dire s’il représente une menace : Hillary est archifavor­ite en Caroline du Sud (27 février) mais la lutte est incertaine dans le Nevada (20 février). Les médias américains, qui n’aiment rien tant que décrire une campagne Clinton en difficulté, insisteron­t ce mardi sur l’étroitesse de la victoire de Hillary. On peut aussi penser, comme le faisaient 72% d’électeurs démocrates dans un sondage Bloomberg, en avril dernier, que Hillary Clinton a besoin d’un challenger fort pour être bien préparée à la campagne générale. A quelques points près, Bernie Sanders pourrait être pour elle une bénédictio­n, ou une calamité…

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A Des Moines dans l’Iowa, le 1er février.

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