L'Obs

POURQUOI LUI ? Régis Franc

Ce génial touche-à-tout vient de terminer son septième roman et prépare sa prochaine cuvée de Chante Cocotte, un rouge du Pays d’Oc aux allures de grand bordeaux

- — par RACHELLE LEMOINE

QUI EST IL ?

A l’aube de ses 70 ans, Régis Franc a déjà vécu mille vies. Au mitan des années 1970, il déploie son graphisme dépouillé dans les colonnes de journaux (« Pilote », « Charlie Mensuel », « l’Echo des Savanes », « Elle »…). Le succès débute en 1977 avec le lancement du « Matin de Paris », où il a un strip quotidien. Baptisée le Café de la plage, en hommage à son Languedoc natal, cette minicomédi­e humaine avec des animaux anthropomo­rphiques est mise en scène comme une pièce de Pirandello. Repéré par des profession­nels du cinéma, on lui confie des scénarios. En 1991, il réalise « Mauvaise Fille », présenté à Cannes. Viré de « Elle » en 2004, il abandonne la BD pour se consacrer à l’écriture. Il vient de terminer d’écrire son dernier roman, l’histoire d’un petit garçon doté de dons extraordin­aires. Parallèlem­ent, il « joue » les vignerons, depuis 2007, à Fontcouver­te, au coeur des Corbières.

D’OÙ VIENT IL ?

Encensé pour son graphisme dès la maternelle – « Il a le don », s’émerveilla­it sa grand-mère –, Régis Franc s’ennuie pourtant à l’école et s’enferme dans une posture de cancre, sur laquelle il s’interroge encore aujourd’hui. « Je viens d’un milieu très simple où la culture m’a beaucoup manqué », confiet-il. Un manque que le système éducatif ne pourra jamais combler. Intégré à une école d’o ciers en Allemagne au milieu des années 1960 pour son service militaire, il se retrouve avec la fine fleur de l’aristocrat­ie française. « J’ai réalisé qu’il y avait ceux qui possédaien­t la connaissan­ce et ceux qui, comme moi, ne connaissai­ent rien. Un véritable déclic pour rattraper le temps perdu sur le plan culturel », explique-t-il. Il n’échafaude pas pour autant un plan de carrière. « Mes di érentes activités sont le fruit de rencontres, de bonnes personnes qui m’ont été présentées, constate-t-il. En fait, je vais là où le vent me pousse. »

QUE FAIT IL ?

Est-ce la tramontane qui l’a poussé à revenir sur ses terres en 2007 pour y acquérir un petit cabanon au milieu de trois parcelles de vignes ? « Je n’ai jamais coupé le cordon avec ma terre natale, reconnaît-il. J’ai un vrai fond de sauce à l’ail et, pour moi, le plus beau spectacle reste la Méditerran­ée scintillan­t de tous ses diamants sous le soleil. » Certes, mais de là à plonger dans la vinicultur­e qui est tout sauf un passe-temps de dilettante ? « Les pointures que je connaissai­s dans cet univers m’ont convaincu de franchir le Rubicon », sourit-il. Outre la présence d’une vigne de merlot à petits grains, le domaine de Régis Franc est protégé des vents marins par la montagne Alaric et dispose d’une source naturelle. « Le terroir de travertin [marne blanche en galets et poussière, NDLR] est magnifique et sied bien au merlot », commente Régis Franc. Après trois ans à remettre en état le vignoble, il fait sa première vendange. Philippe Courrian, vigneron médocain réputé, lui conseille d’adresser une bouteille de cette cuvée Chante Cocotte, sans aucune indication de provenance, au plus sévère des critiques oenologiqu­es, le Suisse René Gabriel. Le verdict tombe : 19/20. Jolie réussite pour quelqu’un qui, au départ, ne souhaitait réaliser « qu’un vin de copains » !

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