Comment l’amour (des vieux) vient aux filles
LES MESSIEURS, PAR CLAIRE CASTILLON, L’OLIVIER, 176 P., 16,50 EUROS.
Elles veulent crâner devant leurs copines, tester leur pouvoir de séduction ou faire battre leur petit coeur au rythme d’un grand amour. Elles sont jeunes, pour certaines à peine sorties de l’adolescence, garces ou romantiques, et toutes sont attirées par des « messieurs » qui ont le double, parfois même le triple de leur âge. Ce sont les narratrices de ces vingt et une nouvelles, où Claire Castillon, qui a déjà démontré son talent dans ce genre, poursuit son analyse froidement chirurgicale des rapports complexes qu’entretiennent ses semblables. Le portrait que dressent les jouvencelles des vieux élus de leur coeur n’est pas toujours flatteur. Malgré leur bonne volonté, il leur faut tout de même une certaine dose d’abnégation pour aimer leur vieux, son corps flétri, ses taches brunes qui donnent « envie de le traiter de dalmatien », sa libido capricieuse, son haleine de chacal, ses « références qui datent toujours d’avant l’époque de la télé », sa mèche qui, « comme un pont », tente pitoyablement de masquer sa calvitie, ses petites bassesses ou ses rodomontades de coq sur le retour. La pire épreuve, c’est de le présenter à sa mère : « C’est pas le démon de midi, ton Vincent, c’est le démon de 18h30 ! Tu devrais lui épiler les oreilles. »