La vie pendant la mort
MÉCANISMES DE SURVIE EN MILIEU HOSTILE, PAR OLIVIA ROSENTHAL, FOLIO, 192 P., 6,50 EUROS.
Il est difficile de parler de ce roman d’Olivia Rosenthal (photo), tant le plaisir de sa lecture réside dans le dévoilement progressif de son sens. Le thème du récit est la vie pendant la mort, cet interstice gigantesque où l’être vivant est sur le point de sortir de la vie, où il n’est plus ici-bas mais pas encore au-delà. Le texte est une alternance de scènes où la mort d’un narrateur est matérialisée par un rêve, banal et bizarre, et de fragments d’allure plus documentaire, où la disparition est regardée cliniquement, depuis l’extérieur. Rosenthal joue habilement de ces deux registres, organise des décalages et des superpositions, créant un relief et un mystère qui transforment le lecteur en enquêteur. On se demande sans cesse qui parle, et pourquoi. Partant des témoignages de rescapés du coma et des récits de near death experiences, la romancière parvient à donner un visage à la mort, ce moment aveugle qu’on ne représente jamais directement. On regrette quelques lourdeurs et préciosités dans son phrasé, mais après tout son sujet réclame un peu de solennité.