APPRENTICE PAR BOO JUNFENG
Drame singapourien, avec Fir Rahman, Wan Hanafi Su, Mastura Ahmad (1h36).
Dans le genre que constituent les films ayant trait à la peine de mort, « Apprentice » choisit un angle rare : s’intéresser au bourreau plutôt qu’à la victime. Le réalisateur Boo Junfeng, dont c’est le deuxième film après « Sandcastle » (2010), l’appréhende comme un professionnel aguerri, consciencieux, bichonnant ses noeuds coulants et ses cordes, tout en soulignant sa part inquiétante de vieux fauve encore vif, mais damné par la morbidité de sa mission. Le film est à son meilleur lorsqu’il se contente d’observer cet ogre de cinéma déambuler dans son petit royaume carcéral sculpté par un clair-obscur sublime qui tire l’ensemble sur une pente gothique. Hélas, s’enroule autour de ce formidable personnage un récit un tantinet chichiteux, trop plein d’intentions louables (il montre, par exemple, les difficultés sociales du Singapour contemporain) et mêlant une histoire de vengeance à une quête d’identité). Tout cela concourt à atomiser le film plutôt qu’à le densifier.