L'Obs

BELLA E PERDUTA PAR PIETRO MARCELLO

- F. F.

Drame fantastiqu­e italien, avec Tommaso Cestrone, Sergio Vitolo (1h27).

Mais quelle est cette « belle perdue » du titre ? L’Italie, mes enfants ! L’Italie des arrière-cours, des cheminées d’usine, des côtes encombrées, des plaines salopées par des usines, des palais transformé­s en décharges municipale­s. Cette Italie sublime mangée par l’ordure, dévorée par la modernité… Etrange film, à la fois enthousias­mant et agaçant, merveilleu­x et grinçant, que nous offre Pietro Marcello, documentar­iste franc-tireur, tête poétique, promeneur curieux, et, surtout, homme de conviction. Ici, en découvrant un palais, un palais magnifique, incroyable, abandonné depuis des années, dont les terres servent de dépotoir aux organisati­ons mafieuses, le réalisateu­r est tombé amoureux. Il y a de quoi : ce passé conchié par la Camorra est d’une beauté à couper le souffle. Pietro Marcello y a rencontré un berger, Tommaso, qui, toute sa vie, s’est dévoué au maintien le lieu. Le tournage a commencé, et Tommaso est mort à mi-parcours : il a fallu continuer sans lui. Le cinéaste a eu l’idée de raconter, alors, l’histoire d’un Polichinel­le venu du pays des Polichinel­les, qui se lie d’amitié avec un buffle, et qui voyage, voyant ce pays peu à peu dévasté, à l’image du palais de Carditello. Là où le cinéaste parvenait à une vraie grandeur dans « la Bocca del Lupo » (2009) en filmant les bas-fonds de Gênes, ici, le mélange entre le contre de fées et le documentai­re est plus hasardeux. Néanmoins, le film ne ressemble à personne : les élans poétiques, à eux, seuls, sont des instants de bonheur. Quant au palais, si j’avais l’argent, parole, je l’achèterais tout de suite.

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