L'Obs

Golshifteh, sublime Karénine

ANNA KARÉNINE, D’APRÈS LÉON TOLSTOÏ. JUSQU’AU 12 JUIN, 20 HEURES, THÉÂTRE DE LA TEMPÊTE, CARTOUCHER­IE, PARIS-12E ; 01-43-28-36-36.

- J. N.

Il faut du culot pour s’attaquer à « Anna Karénine ». Surtout quand on dispose de moyens aussi limités. Cependant Gaëtan Vassart gagne son pari. Haut la main. Quelques chaises, un lustre dont les chandelles vacillent et s’éteignent en même temps que l’héroïne, plus un panache de fumée, suffisent à évoquer la gare de Moscou lorsque, à l’arrivée d’Anna, un désespéré se jette sous un train, signe prémonitoi­re du sort qui attend la femme adultère. Si Gaëtan Vassart se contente de décors minimalist­es, il a une actrice exceptionn­elle entre les mains. C’est bien simple, quand Golshifteh Farahani est en scène, on voit une petite flamme palpiter et danser devant soi, qui s’affaiblit au fur et à mesure qu’Anna marche vers son destin. Il faut préciser qu’elle est entourée d’excellents acteurs comme Emeline Bayart, Alexandre Steiger ou encore Xavier Legrand. Seul regret : les ellipses substantie­lles de l’adaptation. Notamment lors de la valse-hésitation d’Anna qui s’efforce de rentrer dans le droit chemin. Il est vrai que le triangle mari-femmeamant n’est pas le seul sujet du livre et que Tolstoï s’est par ailleurs beaucoup projeté dans le personnage de Lévine, le propriétai­re terrien idéaliste. On peut comprendre que Gaëtan Vassart n’ait pas centré le spectacle sur la seule Anna, mais c’est quand même à elle que le roman doit sa fortune. En revanche, la sublimité de Golshifteh Farahani n’est pas sujette à discussion.

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Xavier Legrand et Golshifteh Farahani.

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