Dans le désert du Nevada
SÉJOUR AU NEVADA, PAR BERNARDO ATXAGA, TRADUIT DE L’ESPAGNOL PAR ANDRÉ GABASTOU, CHRISTIAN BOURGOIS, 480 P., 20 EUROS.
C’est comme si le désert tenait son journal intime. Romancier né en 1951 près de San Sebastián, Bernardo Atxaga raconte, sous l’apparence du romanesque, un séjour qu’il effectua avec sa famille dans une ville du Nevada, principalement connue pour ses casinos, ses araignées au venin mortel et ses serpents à sonnette. Pour Atxaga, c’est aussi un retour aux sources. Au début du xxe siècle, de nombreux Basques, considérés comme les meilleurs éleveurs du monde, allèrent explorer les pâtures américaines et s’installèrent près de Reno. Un siècle plus tard, Atxaga explore l’immensité caillouteuse, par 50 °C à l’ombre, mais ce sont plutôt des scorpions qu’il croise, pas des bêtes à cornes. Pas non plus de Marilyn en vue – c’est là que l’actrice avait tourné « The Misfits », de John Huston, avec Clark Gable et Montgomery Clift. Des prisonniers, oui, en train de purger leur peine au soleil, et même une ville fantôme où il erre sans croiser quiconque. Description subtile de la société américaine, « Séjour au Nevada » est aussi le carnet de bord d’un écrivain pour qui les petits riens de la vie sont le ciment de l’essentiel. « Nous retournons toujours à la vie quotidienne car il n’est pas d’autre place pour nous. »