L'Obs

La bonne étoile du shérif

Dans sa nouvelle enquête, signée Craig Johnson, le shérif Walt Longmire veut comprendre pourquoi une femme s’est suicidée avec son bébé

- ARNAUD GONZAGUE

À VOL D’OISEAU, PAR CRAIG JOHNSON, TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR SOPHIE ASLANIDES, GALLMEISTE­R « NOIRE », 360 P., 23,80 EUROS.

Les amateurs de la série policière « Walt Longmire » riront sans doute comme des bossus en lisant la quatrième de couverture de cette aventure, la huitième sur douze traduite en France. Pour appâter le chaland, le livre est en e et décrit comme « trépidant ». Or l’on peut dire bien des choses sur le formidable univers du shérif d’Absaroka (Wyoming) déployé par l’Américain Craig Johnson depuis 2004, mais certaineme­nt pas qu’il est trépidant. Ou alors, trépidant comme un Maigret. Notre cher Longmire, un ancien des marines, a beau mesurer 1,98 mètre et peser son quintal, c’est quand même un pépère à Stetson, où l’enquête ne compte, en fait de frénétique, qu’une brève course-poursuite et l’ascension d’un arbre. Pour autant, le shérif mérite le détour car, à l’inverse de la plupart de ses confrères du noir, Johnson n’a pas inventé un flic imbibé, violent ou asocial, au contraire. Le doux Longmire est, comme on dit, un type bien. Toujours le mot pour rire, toujours la parole sage, l’observatio­n flatteuse et même la petite larme à l’oeil quand il tombe sur une situation de détresse. Le genre qui aime les enfants, les petites gens et ne croise jamais d’authentiqu­es salauds, mais des types « qui ont leurs raisons ». Dans sa diagonale du vide (le Wyoming est l’équivalent yankee de notre Lozère), il va même se taper la cloche avec la maman de l’assassin présumé.

Il y a tout de même un crime horrible dans cette histoire : une jeune femme s’est jetée d’une haute falaise avec son nourrisson dans les bras. Une énigme qui sera évidemment dénouée par Walt Longmire, même si, reconnaiss­ons-le, les intrigues de Johnson passionnen­t moins que ses personnage­s. On ra ole entre autres d’une figure récurrente de sa littératur­e : la femme teigneuse. La peau de vache qui s’est levée du mauvais pied et pour laquelle Longmire a une dilection un brin masochiste. Dans « A vol d’oiseau », son adjointe, la gueularde Vic Moretti, est ainsi remplacée par une jeune fliquette indienne nommée Lolo Long, non moins bouillonna­nte. Elle donne un goût d’épice à ce petit monde attachant et drôle, mais qui frôle parfois – ô hérésie – la gentilless­e.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France