Le R’n’B saisi par la loi travail
WORK FROM HOME, PAR FIFTH HARMONY (EPIC).
« La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler », dit Macron. Monsieur le ministre, l’on ne fait que glaner après les anciens. Avant vous, Britney Spears le disait déjà : « You want a Maserati ? You better work, bitch. » Comme saisi par la loi travail, le R’n’B se lance dans une surenchère libérale. Dans « Work », la travailleuse Rihanna répète le mot « travail » 88 fois. Dans « 6 Inch », hymne au turbin, Beyoncé exalte la productivité d’une infatigable strip-teaseuse aux talons de 15 centimètres. Parfaite métaphore et modèle indépassable, selon elle, de l’entrepreneuse et de la féministe. Le capitalisme dans sa nudité ? « Elle travaille pour l’argent/Elle mérite chaque dollar qu’elle gagne », chante l’idéologue Beyoncé. Pierre Gattaz, sors de ce corps marchandise. Dans sa fureur de déréglementation, Beyoncé ne précise même pas l’âge de départ à la retraite pour nos camarades e euilleuses ou e euilleurs. Un autre monde serait-il possible avec « Work from Home », le nouveau tube du girl band Fifth Harmony ? La vidéo nous transporte sur un chantier où des ouvriers éphèbes et musculeux jouent du marteau piqueur, de la bétonneuse et de la brouette. La narratrice de la chanson en veut à son homme de « travailler » dans l’équipe de nuit pour son patron alors qu’il pourrait la « travailler », elle. Elle le jure : « A la maison, le boss, c’est toi. » C’est ce que les notaires disaient déjà à leur épouse, en Corrèze, sous René Coty. Pour gagner son homme à son business model, elle imagine même une caressante synergie : « Let my body do the work, work, work. » Des promesses, toujours des promesses.