Dumas lâche les chiens !
UN CAS DE CONSCIENCE, PAR ALEXANDRE DUMAS, PHÉBUS, 108 P., 11 EUROS.
L’oeuvre Alexandre Dumas (gravure ci-contre) est décidément une mine inépuisable. On en exhume encore des pépites oubliées. Paru en feuilleton dans le journal « le Soleil » en juin 1866, ce court roman était resté inédit. Son héros est un chien, ce qui, a priori, peut surprendre. Cela n’a pourtant rien d’extraordinaire, comme le note Claude Schopp dans sa préface. D’Actéon, le lévrier de Charles IX (« la Reine Margot »), à Narcisse, celui d’Henri III (« la Dame de Monsoreau »), ou au fidèle Gredinet de Porthos (« Vingt Ans après »), pour ne citer que ceuxlà, la prose du maître draine un vaste chenil. Ici, le brave Mustang – le nom de l’animal – fait l’objet d’une histoire contée par Garibaldi après un dîner. A la question indiscrète de la comtesse d’Argyle : « Quelle est l’action que vous vous reprochez le plus sévèrement ? », le général répond sans hésiter. Il s’agit d’une injustice faite à ce chien après une bataille. Toute la virtuosité narrative de Dumas se déploie dans ce récit à tiroirs dont on censura à l’époque les passages anticléricaux. D’une lecture fort plaisante, le texte repose en e et sur des questions religieuses et politiques qui rappellent combien ce grand écrivain fut engagé dans son siècle.