Fidèle à Castro
MÉMOIRES DU SOUS-DÉVELOPPEMENT, PAR TOMÁS GUTTIÉRREZ ALEA. FILM CUBAIN, AVEC SERGIO CORRIERI, DAISY GRANADOS (1968, 1H37).
Dans les années 1960, le cinéma cubain connaît une belle vague : des films passionnants, engagés, militants, enthousiastes, voient le jour, sous l’égide de l’Icaic (Institut cubain de l’Art et de l’Industrie cinématographique). Des réalisateurs comme Humberto Solas, Manuel Octavio Gómez ou Tomás Guttiérrez Alea émergent alors, pour une brève période, avant de replonger dans le vide. « Mémoires du sous-développement », film phare de cette flambée, suit le cheminement de Sergio, intellectuel resté à Cuba bien que sa famille ait fui à Miami. Sergio (photo) observe la réalité sociale, et les méandres de l’Histoire : en fragments rêvés, en morceaux de documentaires, en déambulations lentes, le personnage principal ausculte le pays, depuis la prise de pouvoir de Castro jusqu’à la crise des fusées. Aliénation, pauvreté, séquelles de la colonisation, poids de l’idéologie, les thèmes abordés sont bien ceux de l’époque : ce cinéma-là n’existe plus, mais Tomás Guttiérrez Alea a eu le temps de signer « Fraise et Chocolat » en 1993, peu de temps avant sa mort. Revoir « Mémoires du sous-développement », c’est se replonger dans un instant de ferveur, quand on pensait que le cinéma pouvait changer le monde.