L'Obs

Trop bon ! Retour de chasse

Alors que vient de se tenir à Romorantin le premier Championna­t du Monde du Lièvre à la Royale, manger des animaux sauvages n’a jamais été aussi tendance

- CHRISTEL BRION

Biche, chevreuil, sanglier, ou encore palombe, grive ou alouette, à poils ou à plumes, le gibier revient chaque année dans les assiettes à date fixe, et ce n’est pas trop tôt. Adieu burrata et tomates, poissons grillés sur la plage. Des grandes balades en forêt on ramènera dorénavant des champignon­s et des baies sauvages, pour accompagne­r la bécasse juste chassée.

D’octobre à décembre, le gibier prend ses aises sur la carte des grands restaurant­s, et les chefs en font un exercice obligé de leur art, tel Alain Solivérès, qui sert son impeccable lièvre à la royale chez Taillevent. Quand on sait qu’il a été inventé pour un Louis XIV édenté, ce plat perd un peu de sa superbe : « ainsi naquit le lièvre à la royale, mitonné durant des heures et servi quasiment liquide, à l’homme le plus puissant d’Europe, symbole du rayonnemen­t, [qui] était un sans-dent », raconte Thierry Marx dans son excellente « Histoire à la carte » (Editions de La Martinière), celle des plats emblématiq­ues de notre patrimoine.

Les nouveaux restaurate­urs qui reviennent aux classiques ont aussi dépoussiér­é le gibier, jusqu’à son qualificat­if le plus utilisé - on ne dit plus « faisandé », mais « maturé » -, pour proposer une viande forte en goût et réputée di cile à cuisiner. Mais exit chevreuil sauce grand veneur, tourtes de lièvre et autre oreiller de la belle aurore. Un drôle d’oiseau a fait son apparition sur les cartes des bistrots tendance : la grouse d’Ecosse, un oiseau rare venu d’Ecosse ou du nord de l’Angleterre, de la taille d’une grosse perdrix, et qui possède une chair délicate à l’amertume légère. Giovanni Passerini la cuisine rôtie au foin, accompagné­e d’un gratin d’oignons et de fenouil, d’une poêlée de champignon­s et d’une salade qui ne manque pas de caractère.

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