LA SOLITUDE DES PRÉSIDENTS

« Seul en son palais »… Rarement le titre d’un livre aura aussi bien collé aux circonstances. Journaliste politique chevronnée, Marie-Eve Malouines a voulu savoir « Pourquoi nos présidents s’enferment à l’Elysée »… Bonne question, en effet! De de Gaulle à Hollande, la journaliste retrace avec précision et de nombreuses anecdotes le dilemme auquel sont confrontés les chefs d’Etat de la Ve République, investis d’un pouvoir exorbitant, obligés de trancher dans des situations difficiles. « Mesurez-vous votre privilège de pouvoir vous confier à quelqu’un? » avait dit de Gaulle à l’un de ses ministres. François Hollande, lui, prétend maîtriser cette solitude, « protectrice car elle permet de parler à tous ». De Gaulle, Giscard ou Mitterrand, qui ont connu la guerre et côtoyé la mort, décidaient dans le calme, voire la « sérénité », dit Giscard à l’auteur. Hollande donne plutôt le sentiment de décider dans la souffrance. L’un de ses amis politiques s’interroge sur la psychologie de cet homme si secret. « Soit il est fou, soit il est d’une pudeur extrême […]. [En général], un leader politique met ses partisans dans la confidence, en flattant leur ego au passage. Il nous fait passer de l’autre côté du mur, mais Hollande, lui, ne nous fait jamais passer de l’autre côté du mur. » L’incompréhension de ce « hollandais » est telle qu’il avoue une légère angoisse : « J’ai peur que Hollande ne soit pas lui-même de l’autre côté du mur. » Les monarques qui s’enferment derrière le mur sont ainsi condamnés. Leur entourage n’ose plus leur parler. Personne n’avait alerté Nicolas Sarkozy sur les dégâts que susciterait la nomination de son fils Jean à la tête de l’Epad. Il a mesuré la catastrophe en découvrant le nombre de journalistes étrangers qui accoururent en France… « Seul en son palais », par M.-E. Malouines, Stock.