Les enregistrements marocains sont-ils trafiqués?
En août 2015, l’a aire avait fait grand bruit. Les journalistes Eric Laurent et Catherine Graciet, soupçonnés d’avoir demandé deux millions d’euros pour abandonner la rédaction d’un ouvrage censé contenir des révélations gênantes pour le roi du Maroc Mohammed VI, étaient mis en examen pour chantage et extorsion de fonds. A l’appui de ces accusations : trois enregistrements clandestins de conversations avec les journalistes réalisés par Hicham Naciri, l’émissaire du royaume. Fin septembre, la Cour de Cassation a remis en cause la validité de deux des enregistrements réalisés avec la « participation indirecte de la police française », estimant qu’ils portaient « atteinte aux principes du procès équitable et de la loyauté des preuves ». Reste un enregistrement, réalisé le 11 août 2015. Problème : sur cette bande, de longs passages de la conversation sont inaudibles. Et selon un rapport de la police technique, l’enregistrement aurait subi un « post-traitement, impossible à préciser, comportant au moins un changement de format et probablement d’autres opérations ». Devant la juge d’instruction, Hicham Naciri, qui, en juillet dernier, a confié avoir e acé l’original, a reconnu qu’un traitement destiné à améliorer la qualité sonore avait bien été pratiqué. La juge lui a demandé de lui remettre l’appareil sur lequel l’enregistrement a été e ectué. «A ma connaissance, cela n’a pas été fait », confie Eric Laurent.