L'Obs

Dior : la faute à Rousseau

DEVENIR CHRISTIAN DIOR, PAR FRANÇOIS-OLIVIER ROUSSEAU, ALLARY, 300 P., 18,90 EUROS.

- JACQUES NERSON

François-Olivier Rousseau est un remarquabl­e styliste. Ses phrases sont si fluides, variées et logiques qu’elles s’enchaînent naturellem­ent. Pas moyen d’interrompr­e sa lecture, même si son « Devenir Christian Dior » nous frustre un peu. Peut-être parce que Rousseau reste entre le zist et le zest. Il n’arrive pas à se décider pour la biographie ou le roman. Il imagine trop ou pas assez. A quoi bon, par exemple, débaptiser le chanteur pied-noir Jacques Benita, dernier compagnon du génial couturier, pour en faire un chanteur marseillai­s nommé Domino Suarez ? Pourquoi déplacer la crise cardiaque qui foudroya Dior en 1957 du salon où il jouait aux cartes à sa chambre d’hôtel ? A quoi bon compiler tant de documents pour ne pas respecter la réalité ? Le plus grave, c’est que François-Olivier Rousseau ne pénètre pas l’âme de Dior. Il raconte ses faits et gestes mais à la fin du livre on ne le connaît pas mieux qu’au début. Non que le personnage soit opaque, il paraît au contraire transparen­t. Sans doute n’était-il pas un héros de roman.

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