L'Obs

De la violence en Amérique

PERFIDIA, PAR JAMES ELLROY, TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR JEAN-PAUL GRATIAS, RIVAGES POCHE, 917 P., 10 EUROS.

- DAVID CAVIGLIOLI

Avec ce gros polar furieux, James Ellroy (photo) revient à ses premières haines, celles du « Quatuor de Los Angeles » : les magouilles des sales flics de LA, la corruption incurable de l’âme humaine, le gore urbain. On est au moment de Pearl Harbor. Une famille japonaise est retrouvée assassinée, dans un contexte où les Japonais sont pris en chasse par la population et envoyés dans des camps d’internemen­t. L’enquête est menée par Hideo Ashida, flic honnête, d’origine japonaise. Mais elle déraille, dans une ville où la police est très loin d’être une force de l’ordre. Ellroy convoque certains personnage­s de ses anciens romans, dont le sergent Dudley Smith, tueur psychopath­e du LAPD. Comme toujours, les phrases sont hachées, l’intrigue est multiple, la folie est partout. Ellroy montre ce que la guerre révèle d’une population : le pire. Le racisme, le cynisme, l’extrême violence. Même une guerre aussi juste que la Seconde Guerre mondiale. On terminait de lire le roman le jour où Trump était élu. La télé allumée, « Perfidia » sur les genoux, on trouvait la civilisati­on américaine effrayante.

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