L'Obs

Du Vianney dans mon crâne

- SOPHIE DELASSEIN

VIANNEY, PAR VIANNEY (TÔT OU TARD).

L’artiste masculin de 2016, c’est donc lui : Vianney, dernier lauréat en date des Victoires de la Musique. Avec son air de garçon rangé, il donne pourtant dans une chanson comme on s’en régalait en l’an 2000, du temps où Benjamin Biolay, Camille, Vincent Delerm nous redonnaien­t l’envie d’écouter des textes. Mais tant mieux si Vianney s’est trompé de décennie. Ses chansons s’imposent face à la déferlante de voix révélées par les talent shows télévisés. Il y a deux ans, il capturait le public avec ce refrain entêtant : « Mais t’es pas là, mais t’es où? (pas là). » D’emblée, il chantait la rupture. Il remet ça avec son deuxième album. Dommage. Même si c’est joliment écrit, on attendrait des thèmes moins rebattus que ces peines de coeur qu’il chante sur fond de biguine. « Sans le dire », « Je m’en vais », « Tombe la neige » font basculer Vianney dans une variété au destin commercial. Quant à l’humour, il a déserté les chansons de celui qui donnait un supplément d’âme à ses conseils avisés aux « débutants de l’amour ». Heureuseme­nt, dès qu’il se montre plus exigeant avec lui-même, Vianney nous bluffe. C’est le cas avec deux textes introspect­ifs, « Dumbo » et « le Fils à papa », magnifique ballade aux accents bréliens. Le cas aussi avec « l’Homme et l’Ame », qui évoque la cruauté de notre époque. Le disque, un des meilleurs de cette fin d’année, s’achève sur une note résumant une petite philosophi­e de la vie, une ambition à portée de main : « Se dire qu’on est bien. » Comprenez : ça ne va pas si mal.

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