Pascal Convert lève les voiles
PASCAL CONVERT. JUSQU’AU 23 DÉCEMBRE, GALERIE ÉRIC DUPONT, PARIS-3E, 01-44-54-04-14.
A l’entrée de cette exposition, une photographie en noir et blanc montre, creusée dans le rocher, une niche vide. Jusqu’en 2011, cette cavité ainsi que deux autres abritaient les bouddhas de Bamiyan (Afghanistan). Ces trois immenses sculptures ont été détruites par les talibans. L’artiste français Pascal Convert avait imaginé d’évoquer cette destruction dans une installation qui aurait pu prendre place dans le pavillon français de la Biennale de Venise en 2017. Mais sa proposition n’a pas été retenue: on lui a préféré celle d’un autre créateur, Xavier Veilhan. Dommage? La trace de ce projet n’en subsiste pas moins. Et cette « case vide » apparaît ici comme une mise en garde. En voici une autre : c’est celle d’une Marie Madeleine agenouillée dont la tête et une partie du corps sont recouverts d’un manteau de plâtre. Derrière cette sculpture bâillonnée, une cascade de cheveux transparaît. Pascal Convert a rme lui-même que cette oeuvre fait écho aux sculptures assyriennes détruites par l’Etat islamique et qu’elle vient aussi a rmer qu’« aucun voile ne peut endiguer la sensualité de la chevelure de Marie Madeleine ». On verra encore ici, suspendues au plafond, des têtes en verre coloré : elles symbolisent le martyre de Denis de Paris, le saint qui porta sa tête entre les mains après qu’il fut décapité. Non loin de ce « porteur de lumière », le « Portrait de jeune homme en martyr » semble flotter dans l’espace. Ayant pris pour modèle son propre fils, l’artiste a réalisé en cuivre et en argent ce magnifique gisant dont le torse a disparu – ne subsistent que les jambes, les bras et la tête. Entre merveille et sauvagerie, Pascal Convert pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Mais en découvrant cette exposition, on se prend à regretter de ne pas l’avoir vue atteindre (sous une autre forme) les rivages de Venise.