LE JOUR OÙ “AMAZON PRIME NOW” EST ENTRÉ DANS PARIS…
Juin 2016 : coup de tonnerre sur la capitale ! Amazon lance un service de livraison ultrarapide de produits usuels et de denrées alimentaires, y compris frais et surgelés. De quoi faire trembler toutes les supérettes de la ville. Anne Hidalgo, qui découvre au dernier moment le pot aux roses, se fend d’un communiqué rageur en plein repos dominical. La maire dénonce, pêle-mêle, des risques sur la pollution, la qualité de vie des riverains, les commerces de proximité et le bien-être des salariés. Diantre. Six mois plus tard, au 3, boulevard Ney (18e arrondissement), dans un long bâtiment typé années 1970, Amazon fourbit son offensive Prime Now. Un service qu’il pourrait étendre à toutes les grandes villes, comme il l’a fait à l’étranger ! De l’extérieur, rien à signaler : pas de travailleurs exténués sur le trottoir, pas de ballet infernal de camionnettes Diesel. Pas non plus d’enseigne apparente : l’entrepôt au nom de soucoupe volante – UFR1 (prononcez « one ») – occupe le troisième étage d’un immeuble lambda. Sur 4 000 mètres carrés, avec 160 opérateurs – intérimaires de Noël compris – UFR1 est la version miniature de ce que le leader mondial du e-commerce fait de mieux : réceptionner, stocker et livrer le plus rapidement possible les articles commandés par ses abonnés « Premium » franciliens. En deux heures gratuitement, et en une heure dans certains arrondissements contre 5,90euros . Le tout de 8 heures à 22 heures. (minuit pendant les fêtes), 7 jours sur 7… même le 24 décembre ! Dans l’entrepôt parisien aux 20 000 références, rien n’est laissé au hasard. Pour un délai de livraison en une heure, les opérateurs ont 15 minutes pour s’assurer que les marchandises sont chargées dans les utilitaires de deux prestataires extérieurs, qui devront acheminer la commande à temps, même avec les embouteillages. Le calcul est serré, mais la promesse doit être tenue : « S’il faut mettre 6 personnes sur une commande pour qu’elle sorte à temps, on n’hésitera pas », assure Toufik Meddour, responsable du site. La mairie de Paris – mais surtout la concurrence – a raison de s’inquiéter. Car en s’attaquant à l’alimentaire avec ses méthodes éprouvées, Amazon pourrait déstabiliser la grande distribution à la française dans les centresvilles, sa nouvelle cible de croissance. Carrefour vient tout juste de lancer à Paris et à Neuilly une appli de livraison en une heure ou par créneau de trente minutes. Sans abonnement mais contre 4,95 euros. Pas question pour le distributeur de sacrifier sa rentabilité. Un pari risqué ?