Etats-Unis ExxonMobil, usine à mensonges
Le géant pétrolier a longtemps nié les effets désastreux du réchauffement climatique, quitte à dissimuler les conclusions alarmantes de ses propres études. Son patron, Rex Tillerson, vient d’être nommé secrétaire d’Etat par Donald Trump
Le réchauffement de la planète ? « Un canular » monté « par et pour les Chinois », dit Donald Trump. Un phénomène « invérifiable par nature, qui n’est pas objectivement mesuré », renchérit Scott Pruitt, l’homme qu’il a choisi pour diriger l’Agence de Protection de l’Environnement. « Une théorie scientifique pas encore établie », confirme son secrétaire d’Etat à l’Energie, Rick Perry. « Il y a bien eu une approche scientifique dominante pour affirmer que la Terre était plate », ironise un responsable de son équipe de transition… Banal ? Ahurissant, plutôt. Cela fait plus de dix ans que les scientifiques sont d’accord : en 2004, le magazine « Science » avait examiné 928 « papiers » scientifiques et n’avait pu en trouver un seul contestant le réchauffement climatique et la responsabilité de l’homme dans ce phénomène. Pourtant, à en croire un récent sondage, seulement 11% des Américains admettent qu’il existe un consensus scientifique sur la question. Comment un tel décalage est-il possible ? La réponse tient, pour une large part, en un mot : ExxonMobil…
On a beaucoup parlé du géant pétrolier récemment : Rex Tillerson, le PDG sortant, a été choisi par Donald Trump pour être son secrétaire d’Etat. Les liens du patron texan avec Vladimir Poutine ont été examinés sous toutes les coutures et, parmi les points positifs, les médias ont noté que le futur chef de la diplomatie américaine reconnaissait la réalité du réchauffement climatique. On n’a rien dit, en revanche, du bras de fer qui oppose ExxonMobil à la famille Rockefeller et à plusieurs Etats, dont New York et la Californie. L’histoire est pourtant édifiante. Et elle permet de mieux comprendre comment, seize ans après l’élection de George W. Bush, l’industrie pétrolière et les climatosceptiques sont revenus par la grande porte à la Maison-Blanche.