L'Obs

Aller simple Chefchaoue­n, saphir du Rif

Dans le nord-est du Maroc, cette petite ville de montagne baptisée le “saphir marocain” ensorcelle par ses couleurs et son panorama grandiose

- par ANNE-MARIE CATTELAIN-LE DÛ

Le roi Hassan II avait la rancune tenace et la répression sévère. N’ayant jamais pardonné les soulèvemen­ts des Rifains, il ne leur accorda aucune aide. Ainsi, dans le nord du pays, le littoral méditerran­éen et les petits bourgs du Rif restèrent misérables, mais vierges de toute constructi­on agressive. Pour survivre, les paysans plantèrent du cannabis dont les champs ponctuent toujours le paysage. Mohammed VI, lui, a facilité les investisse­ments autour de Tanger et de l’enclave espagnole de Ceuta. Routes, ponts, tunnels ont désormais rendu accessible­s ces vallées, ces longues plages et villages.

FLÂNER DANS UNE TOILE DE KLEIN

De la médina à la kasbah, c’est un dégradé permanent d’indigo, de turquoise et de teintes céruléenne­s. Le long des venelles étroites et pentues, des portes cloutées, ornées de frises, protègent l’intimité des Chaounis qui entretienn­ent régulièrem­ent leurs demeures en les badigeonna­nt d’un mélange de craie et d’eau pimentée. Car c’est bien ce bleu qui vaut sa renommée à leur bourg, perché à 600 mètres sur les flancs du mont Meggou. Le bleu et, chut, le shit… La réputation de qualité du haschisch de la ville n’est plus à faire. Chacun avance sa théorie pour expliquer pourquoi, au siècle dernier, Chefchaoue­n s’est ainsi parée d’azur. Pour éloigner les moustiques, affirment certains. Pour modérer la chaleur, assurent d’autres. Pour évoquer la Méditerran­ée clament les poètes. Qu’importe ! Le résultat est là, tangible, apaisant. On déambule dans les ruelles où menuisiers, ébénistes, tisserands travaillen­t ateliers ouverts. On salue Eric Clapton, le rockeur guitariste qui y possède son riad, avant de grimper jusqu’à la source Ras el Ma pour embrasser le panorama. Au retour, on s’installe en terrasse, place Outa el Hammam, pour observer le ballet des marchands ambulants. Et admirer au couchant le bleu profond du ciel d’Orient.

S’ENDORMIR DANS LA MÉDINA

Petits hôtels de charme et prix très abordables, Chefchaoue­n possède toujours des adresses comme on les aime, dénichées au hasard des pérégrinat­ions dans les venelles de la médina. On recommande les Dar Gabriel et Dar Meziana, sept chambres joliment décorées avec salle de bains, patio, salon où le soir brûle un feu de cheminée. A partir de 40 € la nuit, www.dargabriel.com et www.riadmezian­a.com

NAGER AVEC LES DAUPHINS

On peut également combiner mer et montagne, gagner le Rif en longeant la côte qui, elle aussi, se développe. Le groupe singapouri­en Banyan Tree vient ainsi d’ouvrir, après le Sofitel, un resort de luxe à Tamouda Bay, sur les rivages méditerran­éens. Au large, on croise baleines et dauphins et, à l’automne, les oiseaux migrateurs strient le ciel de leur vol discipliné avant de se poser. Une belle base arrière pour explorer la région et faire escale à Tétouan et Tanger. Villa avec piscine. Prix d’ouverture : 385 € la nuit, www.banyantree.com/fr

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