L'Obs

Delerm photograph­e

L'ETÉ SANS FIN/SONGWRITIN­G/C’EST UN LIEU QUI EXISTE ENCORE, PAR VINCENT DELERM, ACTES SUD, 192 P., 32 EUROS.

- GRÉGOIRE LEMÉNAGER

Vincent Delerm ne fait pas que chanter le temps qui passe. Il le photograph­ie aussi. Souvent en noir et blanc, parfois en couleur pour choper le papier peint d’un hôtel, mais toujours avec la même obsession du détail. Delerm, ou la revanche de la métonymie sur la métaphore. Sa poésie intimiste court ici dans trois livres délicats. « L’Eté sans fin » confirme que l’auteur de « Deauville sans Trintignan­t » et « Martin Parr » sait regarder les plages quand les vacanciers sont partis. « Songwritin­g », qui s’ouvre sur un beau profil de Souchon, évoque son métier. « C’est un lieu qui existe encore », enfin, est un petit chef-d’oeuvre de piété filiale, d’histoire nationale et d’émotion : Vincent y a consigné le récit de son grand-père, celui d’« une jeunesse française » entre 1923 et 1950. Il est question d’un quotidien zolien à la Goutte-d’Or, d’un mémorable « plat de charcuteri­e italienne », des westerns qu’on passait à La Cigale, des manifs de 1936, du vélo amoché pendant l’Exode, des bombes sous l’Occupation. Ce grandpère, Delerm lui fait des adieux poignants, dans une chambre d’hôpital, sur son beau dernier disque, « A présent » (Tôt ou Tard). Il méritait bien cette chanson et ce livre.

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