AMOUR PAR KÁROLY MAKK

Drame hongrois, avec Mari Törocsik, Lili Darvas, Iván Darvas (1971, 1h35).

Grand prix du jury à Cannes en 1971, « Amour » surgit aujourd’hui du néant. Ce cinéma-là se révèle d’une force assez étonnante, puisée par le réalisateur dans les deux nouvelles qu’il adapte et dans la foi qu’il exprime en son art. C’est le portrait de deux femmes, l’une proche de la mort, l’autre pleine de jeunesse et de vie, toutes deux réunies par l’absence et le manque du même homme, fils de la première et mari de la seconde. Le montage est virtuose, les lumières sont éblouissantes, les cadrages, savants. A la vieille dame qui ne quitte plus son lit, la plus jeune donne à croire que l’homme termine un film aux Etats-Unis, alors qu’elle sait bien qu’il a été arrêté pour ses activités politiques et ignore s’il est encore en vie. L’action est située en 1953, mais personne en Hongrie ne s’y est trompé, il s’agit bien des lendemains de la répression de 1956. Du beau cinéma, que deux actrices d’exception, Lili Darvas et Mari Törocsik, portent à son point d’incandescence.