LA CHINE ENTRE DANS LA DANSE
En juillet 1917, la Chine entre dans la guerre aux côtés des Alliés. Qu’allait-elle faire dans cette galère? Le pays était pourtant alors à terre. Au xixe siècle, son siècle terrible, le vieil empire a été humilié par les puissances occidentales, qui l’ont pillé commercialement et se sont installées dans de nombreuses provinces. En 1911, la révolution qui a balayé la dynastie impériale pour instaurer la république a déclenché une nouvelle période de turbulences. Yuan Shikai, l’homme fort qui a pris la tête de l’Etat, n’a pas réussi à rétablir la situation: il est mort en 1916 au moment même où il cherchait à se faire couronner empereur. Et sa disparition ouvre la période sinistre des « seigneurs de la guerre » installés en maître dans leurs provinces et vivant du pillage et de la terreur. Si le faible gouvernement de Pékin se décide à déclarer la guerre à l’Allemagne, c’est surtout pour se protéger d’un ennemi bien plus proche. Dès 1914, le Japon s’est rangé aux côtés de l’Angleterre, ce qui lui a permis de mettre la main sur toutes les possessions allemandes en Asie, dont la riche province chinoise du Shandong. Enhardi, Tokyo, en 1915, va plus loin et envoie à sa rivale à genoux les « vingt et une demandes » qui ont pour but de faire de la Chine un protectorat. Entrer dans la guerre pour pouvoir peser dans les négociations de paix est le seul moyen que trouvent les Chinois pour contrer cette menace. L’apport de la République aux Alliés restera symbolique. L’éventualité de recevoir sur le front français des bataillons chinois, étudiée par Foch, est finalement rejetée. La Chine n’envoie que des travailleurs. Installés pour la plupart dans des conditions épouvantables dans des camps dans la Somme, ils feront, entre autres, le sale boulot de nettoyage des tranchées.