Les copains d’avant
Tous ensemble! En 2002, Hamon a participé avec Montebourg et Peillon à l’aventure du Nouveau Parti socialiste. Elle n’a duré que trois ans. Que reste-t-il, entre les trois concurrents à la primaire, de ces années communes?
Ils sont candidats les uns contre les autres, vont s’affronter à partir de la semaine prochaine lors des trois débats télévisés, mais Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon ont aussi bataillé ensemble. Côte à côte, ils ont animé pendant trois ans un courant du Parti socialiste. C’était l’époque, bénie à les écouter, du Nouveau Parti socialiste, le NPS. « Le NPS, c’est six mois d’effervescence intellectuelle. Ça mélangeait, ça bouillonnait, c’était connecté à la société. Il y avait de la vie. Et on a réussi une synthèse entre le vieux et l’ancien », raconte Benoît Hamon. « Ce fut la réponse au 21 avril 2002. Ce coup de tonnerre absolu était une surprise atomique que personne n’avait vue arriver. Tout de suite après les législatives se pose la question “Qu’est-ce qu’on fait maintenant?”. On s’appelle avec Arnaud et, tout au long de l’été, on multiplie les échanges entre les uns et les autres », se souvient Christian Paul, aujourd’hui frondeur en chef, et à l’époque un des députés de la génération Jospin, avec Montebourg et Peillon.
A La Rochelle, en août 2002, 400 personnes se pressent dans une salle pour écouter les orateurs de ce futur NPS. Le congrès du parti est prévu pour l’année suivante. Le 16 octobre, à la Sorbonne, le lancement est spectaculaire. C’est la « journée des 1 000 » dans un grand amphithéâtre. Et les idées fusent : la VIe République de Montebourg, la lutte contre la corruption et les paradis fiscaux de Peillon, une autre politique économique chère à Hamon.
Mais le NPS reste tout de même un courant du PS, avec ses amitiés trahies, ses vestes qui se retournent, ses ambitions qui se télescopent. Julien Dray, par exemple, qui en était au début, rejoint rapidement François Hollande. « Sera-t-il le plus vieux des jeunes ou le plus jeune des vieux? » plaisante à l’époque Christian Paul. François Hollande, lui, choisit de rester le chef du vieux PS. A Dijon, en 2003, il gagne le congrès haut la main : 61,4% contre 16,9% au NPS et 16,3% à la gauche du PS, qui rejoindra ensuite le NPS. « Assez vite après le congrès, on entre dans le ronronnement. Hollande avait gagné, il a su habilement nous opposer. Et, en fond d’écran, il y avait la rivalité entre Arnaud et Vincent. Et si Arnaud aimait bien la nouveauté, il aimait moins le côté gauche du PS », avoue Benoît Hamon.
Lors du référendum européen de 2005, le NPS commence à se fracturer. Le courant appelle à voter non, mais, les militants socialistes ayant opté pour le oui, rares sont ceux qui osent faire vraiment campagne contre le traité constitutionnel. Le congrès du Mans, en novembre, signe l’acte de décès de l’aventure. François Hollande attrape Benoît Hamon et Vincent Peillon dans ses filets. Ils entrent dans sa majorité. La synthèse est presque générale. Seul Arnaud Montebourg résiste et reste dans l’opposition. La présidentielle suivante acte la séparation du trio : Hamon soutient Fabius dans la primaire, Montebourg et Peillon appuient Royal.
Que reste-t-il aujourd’hui de cette aventure ? « Un terreau humain qui n’est pas loin d’être amical, même si là ils sont dans la compétition, analyse Christian Paul. Et il demeure une quête inachevée d’une gauche authentique et moderne qui n’en peut plus des reniements et de cet embourgeoisement de la gauche française. » L’histoire n’est peut-être pas finie. Il reste à savoir lequel des trois l’écrira.