Le Franzen finlandais
ILS NE SAVENT PAS CE QU’ILS FONT, PAR JUSSI VALTONEN, TRADUIT DU FINNOIS PAR SÉBASTIEN CAGNOLI, FAYARD, 800 P., 24 EUROS.
Lorsque le neurobiologiste Joe Cheyefski voit son laboratoire dévasté par des activistes de la cause animale et sa famille menacée, il est loin d’imaginer que son fils Samuel, qu’il a abandonné à sa mère une vingtaine d’années plus tôt en Finlande, puisse y être impliqué. Dans une société dominée par une technologie qui semble être devenue la quatrième religion monothéiste et où tout est à vendre, y compris le sens de la vie, est-il encore possible d’avoir accès à une forme de vérité? Peut-on encore répondre à la question que Samuel pose en vain à sa mère : « Qu’est-ce qui est sacré, selon toi? » Jussi Valtonen (photo) ne cache pas son admiration pour Jonathan Franzen, et son roman-fleuve, qui lui a valu en 2014 le plus grand prix littéraire finlandais, est inspiré de la performance de l’auteur des « Corrections ». On y retrouve en effet une description minutieuse, voire encyclopédique, des modes de vie et de l’évolution psychologique des personnages, mais Valtonen y instille une dimension dystopique effrayante et un suspense qui, outre tenir le lecteur en haleine, le contraint à une incessante réflexion éthique et morale. Pour résister à la déréalisation du monde, et surtout de soi.