Sweerts amoureux
LE PEINTRE DISGRACIÉ, PAR DOMINIQUE CORDELLIER, LE PASSAGE, 144 P., 15 EUROS.
La vie du peintre Michael Sweerts (1618-1664) est peuplée de mystères. Si son oeuvre est présente dans les plus grands musées du monde, son existence présente de larges zones d’ombre. On sait qu’il a grandi à Bruxelles, vécu à Rome, Paris, Amsterdam, puis qu’il a pris le chemin de l’Orient en 1662, mettant le cap sur la Syrie et sur l’Inde, pays où il mourra dans la solitude. Conservateur en chef au cabinet des dessins du Musée du Louvre (où l’on peut voir le saisissant « Jeune Homme et l’Entremetteuse », photo), Dominique Cordellier fait revivre ce personnage hors du commun dans un roman où il imagine Sweerts confronté à une histoire d’amour qui ne dira pas son nom. C’est à Paris que le héros fait en effet la connaissance d’une femme mariée à laquelle il ne confiera jamais sa passion. Son image, son souvenir le hantera tout au long de ses routes et de ses rencontres, depuis les cours sombres de la cité papale jusqu’aux déserts poudreux de la Syrie. Il souffre mais peint merveilleusement des scènes de genre, des portraits. Précise, précieuse, l’écriture de Dominique Cordellier enchante et fascine. C’est un premier roman. Et c’est un coup de maître.