L'Obs

Avoriaz fête ses 50 ans

La station phare du domaine des Portes du Soleil reste incontourn­able pour les amoureux de la montagne

- Par CARINE KEYVAN

Alors que les premiers flocons viennent blanchir les façades des immeubles, recouverts de petites tuiles de cèdre rouge, les premiers vacanciers parcourent la station en calèche, comme c’est l’usage depuis cinquante ans. Avec son architectu­re parfaiteme­nt intégrée dans le paysage, à 1800 mètres d’altitude, Avoriaz, qui fête son demisiècle, n’a pas pris une ride.

Au départ, un projet un peu fou : celui de Jean Vuarnet, disparu le 2 janvier dernier, médaillé d’or aux jeux Olympiques à Squaw Valley (Californie) en 1960. A son retour, le jeune champion imagine une station construite de toutes pièces sur les hauteurs de Morzine. Son concept? Un village traversé par les pistes et sans voitures, autant dire une hérésie à l’époque des Trente Glorieuses. Il parvient pourtant à convaincre le promoteur immobilier Robert Brémont, qui passe le relais à Gérard, son fils de 27 ans, car « la montagne, c’est un truc de jeune. Si ça t’intéresse, je te donne un peu d’argent que tu me rendras plus tard ».

Le troisième homme d’Avoriaz, c’est Jacques Labro, architecte fraîchemen­t diplômé. Le trio fait sortir de ce village d’alpage un premier hôtel en 1966, les Dromonts, qui devient vite le lieu de villégiatu­re des stars en hiver. Grâce au Festival internatio­nal du Film fantastiqu­e, le pendant hivernal du Festival de Cannes de 1973 à 1993, on commence à y croiser de jeunes prodiges du cinéma, comme un certain Steven Spielberg, qui reçoit le premier prix de sa carrière pour « Duel ».

Avoriaz séduit encore et toujours, grâce à son concept visionnair­e. Quand des stations de béton ont émergé de la montagne pour loger l’avalanche de skieurs, les trois compères ont été à contrecour­ant de cette mouvance citadine. « On faisait de l’écologie sans le savoir, s’amuse le promoteur Gérard Brémont. On voulait créer une rupture avec la vie urbaine, construire un monde exempt de pollution sonore et de voitures. » Cinquante ans plus tard, cette idée de développem­ent durable est sur toutes les lèvres. La station, elle, a tranquille­ment poussé dans le quartier de la Falaise, au rythme de deux immeubles par an pendant trente ans. Le cahier des charges était clair : respecter la nature. Les immeubles de bois inclinés émergent de la montagne, telles des pommes de pin. Hormis les Dromonts, les logements sont des résidences de tourisme principale­ment détenues par le géant Pierre & Vacances. La station, reliée à onze autres villages, soit 600 kilomètres de pistes réparties sur la France et la Suisse, s’est aussi dotée d’un centre « aqualudiqu­e », l’Aquariaz, paradis tropical de 2 400 mètres carrés. Et, d’ici à 2020, un nouveau complexe de deux mille hébergemen­ts gérés par le Club Med et Pierre & Vacances doit sortir de terre.

Dans cette station familiale, les voitures sont bannies : on circule à skis, en calèche ou en chenillett­e. Les enfants sont choyés et peuvent profiter de nouvelles animations, comme les concerts gratuits du festival Rock the Pistes (du 19 au 25 mars) ou le Stash, un snowpark naturel. Pas de sensationn­alisme, Avoriaz, c’est la force tranquille.

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