L'Obs

Pourquoi lui ? Jean Cassegrain, DG de Longchamp

La marque de maroquiner­ie Longchamp, c’est l’histoire d’une famille qui a toujours su relever les défis et garder son indépendan­ce. Rencontre avec la troisième génération

- Par SÉVERINE DE SMET

QUI EST IL ?

Garder le cap, consolider les acquis, maîtriser le développem­ent... La mission d’un directeur général d’une maison de mode n’a pas toujours la couleur et la douceur des matières avec lesquels les sacs ou les collection­s sont fabriqués. Il faut penser à l’avenir, surveiller la concurrenc­e, faire avec les aléas du marché. Jean Cassegrain, directeur général de Longchamp, possède une élégance et une sérénité rares dans le milieu. « Après une très belle année 2015, l’année 2016 a été compliquée, dans un contexte français et internatio­nal de crise, explique calmement le quinquagén­aire. Mais 2017 s’annonce meilleure grâce à l’ouverture récente d’une boutique rue SaintH-onoré, dans l’épicentre parisien de la mode et du luxe. »

D’OÙ VIENT IL ?

Jean Cassegrain, diplômé d’une école de commerce, ancien consultant chez Andersen, a rapidement rejoint l’entreprise familiale. Il incarne parfaiteme­nt l’histoire de famille de la maison Longchamp. Portant le même prénom que le fondateur, son grand-père, il a connu toutes les époques de la marque. C’est juste après la guerre que Jean Cassegrain dépose Longchamp, son nom et son logo au cheval galopant. Il tient alors une civette sur les grands boulevards parisiens, où il a l’idée de mêler cuirs et pipes. La famille grandit dans l’immeuble, rapidement actrice de la réussite spectacula­ire de la maison. « Nous ne sommes jamais restés statiques », rappelle Jean Cassegrain aujourd’hui. D’une clientèle masculine de fumeurs, Longchamp s’est imposée comme une maison de maroquiner­ie et s’est « féminisée ». « Elle s’est adaptée à la mondialisa­tion, tout en gardant ses racines très françaises et parisienne­s. »

QUE FAIT IL ?

Voilà les nouveaux défis de Longchamp, pour l’instant plutôt brillammen­t relevés : des ouvertures de boutiques à l’internatio­nal, notamment à Moscou et à Shanghai, mais aussi des collection­s de prêt-à-porter éto ées. « Avec cette nouvelle adresse rue Saint-Honoré, nous avons mis le bagage et le masculin à l’honneur. Les hommes ne cherchent plus exclusivem­ent le caractère fonctionne­l, mais davantage un accessoire tourné vers la mode. » On sent la force tranquille d’un directeur général sûr de lui, entouré par une famille soudée. Son père, Philippe, est président, sa mère, Michelle, s’occupe des boutiques, sa soeur, Sophie Delafontai­ne, a été nommée directrice artistique et son frère, Olivier, supervise le développem­ent aux Etats-Unis. « Pour perdurer, il faut avoir envie de rester familial et indépendan­t, rappelle Jean Cassegrain. Il faut être compétitif, innovant et raisonner à long terme. Nous n’avons aucun compte à rendre auprès d’actionnair­es, c’est notre force. » Les rênes du cheval au galop restent bien tenues par les Cassegrain.

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