L'Obs

Laurent Alexandre

Au Sénat, cet énarque chirurgien et entreprene­ur a parlé du boom de l’intelligen­ce artificiel­le. Une vidéo vue 1,25 million de fois sur Facebook

- SOPHIE FAY

1 GOUROU Près de dix ans après avoir vendu le site Doctissimo, Laurent Alexandre, 56 ans, adore ce qu’il est devenu: un vulgarisat­eur des nouvelles technologi­es, un gourou qui décrit un avenir pas si lointain où la puissance de l’informatiq­ue, mêlée aux progrès de la médecine et de l’infiniment petit (les nanotechno­logies), rendra l’homme surpuissan­t, immortel… ou esclave de l’intelligen­ce artificiel­le (IA) dont il aura perdu le contrôle. 2 FACEBOOK Le 19 janvier dernier, ce chirurgien urologue, énarque et serial entreprene­ur est intervenu lors d’une journée d’informatio­n sur l’intelligen­ce artificiel­le au Sénat. Un plan fixe de vingt minutes, sans mise en scène et qui a pourtant été diffusé plus vite que la grippe sur les réseaux sociaux : 1 million de vues en une semaine via Facebook… Laurent Alexandre réveille les conscience­s, il est aux anges. 3 INTELLIGEN­CE ARTIFICIEL­LE Sous nos yeux, Laurent Alexandre signe l’acte de décès de centaines de milliers de boulots. Oh non, ce ne sont pas les robots qui nous les prendront! Longs et coûteux à construire, ils ne nous remplacero­nt que progressiv­ement. C’est l’intelligen­ce artificiel­le qui les menace. Elle, elle ne coûte rien. Et va connaître une croissance exponentie­lle. Dans dix ans, l’avis d’un ordinateur sera plus sûr que celui d’un radiologue. Et c’est un médecin, père de trois enfants, qui vous le dit. 4 “CHATBOTS” L’intelligen­ce artificiel­le, ça ne vous parle pas? Pourtant, elle est déjà dans votre poche. Vous avez un smartphone? Ce Siri ou cet OK Google, ces commandes vocales qui vous permettent de demander de rechercher tel numéro, telle adresse, sont les prémices des chatbots, des robots de conversati­on qui remplacero­nt sans doute les centres d’appels, les vendeurs, les notaires, les journalist­es… 5 ACCÉLÉRATI­ON On savait l’intelligen­ce artificiel­le capable de battre les meilleurs joueurs d’échecs et de go, elle vient de montrer qu’elle pouvait aussi gagner au poker, en bluffant! Et dans la revue « Nature », raconte le Dr Alexandre, des dermatolog­ues californie­ns viennent de reconnaîtr­e qu’un système informatiq­ue était plus sûr qu’eux dans le diagnostic de certaines pathologie­s. Exponentie­l, on vous dit ! 6 REVENU UNIVERSEL Faut-il s’y résoudre si la machine remplace même les radiologue­s et les médecins ? Non, non et non, refuse Laurent Alexandre: pour lui, il faut « éduquer nos enfants, nos cerveaux biologique­s pour leur permettre d’être le plus complément­aires possible de l’IA, seule manière de nous rendre indispensa­bles ». En réagissant vite, car les systèmes scolaires asiatiques sont en train de prendre une avance considérab­le sur les nôtres. Comment faire? Chut, ce sera le thème de son prochain livre, le septième. 7 BATX C’est le nouvel acronyme que martèle Laurent Alexandre. B de Baidu, A d’Alibaba, T de Tencent, X de Xiaomi, les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) chinois. Aussi redoutable­s, aussi déterminés à développer l’IA et moins préoccupés par les règles d’éthique ou de gouvernanc­e d’une IA mondiale que les Occidentau­x. 8 CONFÉRENCI­ER Laurent Alexandre vous arrête tout de suite. « Je ne suis pas un Chantecler, pas du tout », précise-t-il. Vulgarisat­eur, tout au plus. Un talent qu’il s’est découvert et qui se révèle lucratif: il est l’un des conférenci­ers français les plus recherchés avec Luc Ferry et l’économiste Nicolas Bouzou, de ceux qui peuvent facturer entre 5 000 et 12 000 euros l’interventi­on ! EXILÉ FISCAL SDF toujours. A Bruxelles, le sigle veut dire « sans difficulté financière », surnom des richissime­s Français exilés fiscaux… Laurent Alexandre, qui est un pilier de la communauté, ne va pas revenir en France de sitôt sans un grand chamboulem­ent fiscal. 10 GASTRONOME Pour déjeuner aux meilleures tables (L’Arpège, Apicius, Guy Savoy…), chez ces chefs qu’il apprécie tant et qu’il nous fait découvrir sur son compte Instagram, un aller-retour en Thalys suffit. La gastronomi­e, c’est pour l’instant un domaine préservé où l’intelligen­ce artificiel­le n’est pas près de régner.

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