L'Obs

Tant qu’il y aura des profs

L’Education nationale est toujours en quête de nouveaux enseignant­s. Les candidats aux concours ont une chance sur trois de réussir

- Par SOPHIE NOUCHER

Malgré trois années d’expérience comme professeur des écoles en zone rurale, Isabelle, 27 ans, n’en menait pas large pour sa première inspection: « J’ai passé les fêtes de Noël à me préparer, c’est une étape importante, et j’avais une classe de petits, dont le comporteme­nt est toujours difficile à prévoir. » Pourtant, la jeune femme avait déjà roulé sa bosse, avec des demi-postes, des remplaceme­nts, mais pas si simple d’endosser le costume de l’enseignant. Si les débuts restent difficiles, les profs sont nombreux à y trouver leur bonheur, comme en témoignent les enquêtes menées régulièrem­ent par le ministère de l’Education. Et avec une chance sur trois de réussir les concours, le métier offre de bonnes perspectiv­es.

En 2017, 25000 nouveaux postes sont offerts. Les aspirants instits peuvent augmenter leurs chances en se présentant dans des académies où la demande est très forte, mais avec le risque de débuter leur carrière dans des écoles « difficiles ». Quant aux futurs profs, ils voient un boulevard s’ouvrir devant eux dans les matières où le manque de candidats se fait toujours sentir: maths, lettres classiques ou modernes, allemand. Mais pour être un bon prof, il ne suffit pas d’être un as dans sa discipline. « Savoir comprendre les besoins des élèves est tout aussi essentiel », explique Jacques Ginestié, directeur du réseau des Ecoles supérieure­s du Professora­t et de l’Education (Espe).

Dans l’enseigneme­nt supérieur, les politiques d’austérité n’ont cessé de réduire moyens et recrutemen­ts, et les 12000 étudiants qui décrochent leur doctorat chaque année se disputent 2 500 postes entre université­s et labos de recherche. Quel que soit le domaine, il faut bien choisir son sujet et son directeur de recherche. Marie Pendanx, 35 ans, docteur en géographie sociale, en a fait les frais avec sa thèse sur les cultures locales dans les Landes. « Impossible de trouver un poste: ils sont parfois attribués avant même d’avoir été publiés! Cela fait trois ans que je fais des remplaceme­nts en collège et lycée…» Ceci alors que dans la même discipline, la géomatique notamment, cartonne. Et puis, il n’y a pas que la recherche publique, les entreprise­s, start-up comme grands groupes, recrutent de plus en plus de docteurs. Avec une nette préférence pour les spécialist­es des sciences dures, maths, physique, biologie ou chimie, qui font mouche dans de nombreux domaines. Les effectifs en R&D dans le privé, soit 84% des emplois en recherche, sont en constante progressio­n. Ils représente­nt au total plus de 380000 personnes. Chouchous du moment : les rois des algorithme­s, capables d’aider à exploiter le « big data ». Mais les docteurs en droit, en économie et les « humanistes » peuvent aussi intéresser des cabinets de consultant­s, des collectivi­tés territoria­les ou des grandes entreprise­s soucieuses de mieux connaître les usages de leurs clients.

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