Santé Soignez vos défenses naturelles
Plantes médicinales ou simples aliments aux vertus préventives reconnues… Comment se prémunir naturellement contre les maladies?
P rès de 400 plantes médicinales sont inscrites à la Pharmacopée française, 198 d’entre elles ont des indications thérapeutiques encadrées par l’Agence nationale de Sécurité du Médicament. Parmi elles, une cinquantaine ne sont vendues qu’en pharmacie. Les autres peuvent aussi s’acheter dans des herboristeries, voire sur le Net. Le pharmacien et ethnopharmacologue Jacques Fleurentin, ex-directeur du laboratoire de recherche en pharmacologie de l’université de Metz, auteur de « Du bon usage des plantes qui soignent » (Editions OuestFrance), détaille pour nous les qualités de huit d’entre elles, faciles à dénicher.
LES PLANTES LE CURCUMA LA BONNE DIGESTION
Cette épice est issue d’une plante originaire d’Inde. Jacques Fleurentin vante « les propriétés digestives, anti-inflammatoires et hépato-protectrices » de son rhizome, riche en polyphénols. Concernant d’éventuelles propriétés de prévention cancer, « les études faites sur l’animal et sur culture cellulaire sont encourageantes », note-t-il. En revanche, le curcuma est à éviter pendant une chimiothérapie, car des interactions néfastes pourraient exis- ter avec des anticancéreux agissant par oxydation. L’indication usuelle reconnue concerne les troubles digestifs en cas d’insuffisance hépatique et le manque d’appétit. Posologie: 1,5 à 3 grammes de poudre. Contre-indication: obstruction biliaire. Déconseillé chez la femme enceinte ou allaitante.
LA BAIE DE GOJI ÇA STIMULE!
Très riche en vitamine C, le fruit rouge de cette plante est traditionnellement recommandé en Chine pour accroître la longévité mais aussi renforcer le tonus sexuel. En France, il n’a pas d’indication officielle, mais est considéré comme un bon stimulant des défenses naturelles. A consommer tel quel en traitement d’attaque pendant l’hiver. Posologie chez l’adulte: 1 cuillère à soupe par jour. Précaution: ne pas associer aux traitements anticoagulants.
L’ESCHSCHOLTZIA MOINS DE STRESS
Les Indiens d’Amérique se servaient des feuilles du pavot de Californie pour soulager leurs maux de dents. Aujourd’hui, on utilise sa fleur séchée pour combattre l’anxiété, la nervosité, le stress et favoriser l’endormissement de l’adulte ou de l’enfant. Dispensé en pharmacie. Posologie : en infusion de quinze minutes, 6 à 10 grammes pour ½ litre d’eau, 3 fois par jour en cas d’anxiété. Après le repas du soir ou au coucher pour l’insomnie.
LE GINKGO POUR LA CIRCULATION
Cet arbre sacré symbolise la dualité du yin et du yang et la longévité. On utilise les propriétés de ses feuilles séchées en cas d’insuffisance veineuse avec sensation de jambes lourdes, contre les troubles de la microcirculation artérielle et les déficiences cérébrales des personnes âgées. Attention, pas d’infusion ni d’automédication. Prendre le ginkgo sous forme de médicaments à base d’extraits titrés sur les conseils d’un pharmacien ou sur prescription d’un médecin.
LE MILLEPERTUIS À BAS LA DÉPRESSION !
Vendu seulement en pharmacie, il aide à combattre les dépressions mineures. Il convient de vérifier ses contre-indications car il active des enzymes qui nettoient le foie de substances étrangères, notamment de certains médicaments. Un vrai problème dans le cadre d’une trithérapie contre le sida, d’une contraception avec pilule minidosée ou après une greffe d’organe. Posologie : faire infuser dix
minutes de 2 à 4 grammes pour ¼ de litre d’eau, à boire quotidiennement. Déconseillé à la femme enceinte ou allaitante et aux enfants de moins de 18 ans.
L’HUILE DE BOURRACHE PEAU DE SATIN
Les graines écrasées de cette plante herbacée à la fleur bleutée produisent une huile à acides gras insaturés (oméga 6) qui stimule la régénération de la peau. Elle sert aussi de traitement adjuvant de l’eczéma. Se prend par voie orale. Posologie : 0,5 gramme par jour pendant trois mois. Pas de précaution d’emploi.
LE SUREAU NOIR ANTI GRIPPE
« Une plante doublement intéressante », selon notre pharmacien. La fleur est diurétique et la baie est indiquée dans le traitement symptomatique des a ections de l’hiver. Des essais in vitro ont démontré les propriétés antivirales du fruit sur les virus de la grippe H1N1 et de l’herpès. Un essai clinique sur la grippe montre une amélioration des symptômes et un raccourcissement de la maladie. Posologie : en infusion, dix minutes pour 5 à 10 grammes de fleurs ou de fruits et ½ litre à 1 litre d’eau, à boire dans la journée.
LES ALIMENTS
Depuis une quinzaine d’années, tous les médecins s’accordent sur le rôle clé de l’alimentation pour prévenir et combattre les maladies, de l’excès de cholestérol à l’hypertension en passant par le cancer. Certains aliments se sont ainsi taillé une belle réputation thérapeutique. Est-elle justifiée? Le point avec Laurent Chevallier (1), nutritionniste et praticien au CHU de Montpellier, Serge Rafal (2), médecin, spécialiste des médecines douces, et Paule Latino-Martel, directrice de recherche à l’Inra (Institut national de la Recherche agronomique) et coordinatrice du Réseau national Alimentation Cancer Recherche.
LE POISSON OUI, MAIS LE BON!
On le plébiscite à raison pour son apport en oméga, « mais le gros problème du poisson, nuance Laurent Chevallier, c’est son degré de pollution (dioxines, PCB, mercure). Plus il a une durée de vie courte, moins le phénomène de bioaccumulation se ressent. » D’où l’intérêt de privilégier la sardine par rapport au thon, par exemple, et l’importance à accorder à sa provenance.
L’AIL
CONTRE L’HYPERTENSION? A-t-il vraiment un e et sur les maladies cardio-vasculaires, notamment en réduisant la part du mauvais cholestérol? En 2009, une étude menée pendant six mois par l’université Stanford sur 200 sujets volontaires mettait à mal cette hypothèse. En 2012, à l’inverse, une compilation d’études conduites par des chercheurs de l’université du Shandong, l’une des plus vieilles universités chinoises, attestait un bénéfice modeste. L’ail est en tout cas un excellent condiment qui évite de trop saler les plats. « Une bonne raison de lui prêter des vertus contre l’hypertension », souligne le nutritionniste Laurent Chevallier.
LES AMANDES, NOIX ET NOISETTES OBJECTIF LONGÉVITÉ
Ces fruits à coque sont riches en acides gras polyinsaturés, oméga 3, protéines végétales, fibres, vitamines et minéraux. D’après une étude américaine portant sur près de 120000 personnes suivies pendant trente ans, publiée dans « The New England Journal of Medicine » en novembre 2013, en consommer toutes les semaines fait reculer la mortalité, avec des variantes selon les fruits. Il est donc recommandé d’en grignoter une poignée par jour (environ 30 grammes). Gare cependant à leur apport calorique.
LE BROCOLI ANTI CANCER
David Servan-Schreiber en avait fait l’un des aliments clés de la nourriture anticancer. Une vertu justifiée? « Tous les fruits et légumes sont intéressants, répond Paule Latino-Martel. L’important est d’en consommer chaque jour en quantité suffisante (5 portions, c’est-à-dire 400 grammes sous toutes les formes) et d’en varier car ils ont des compositions di érentes qui se complètent. A quantité égale, la réduction du risque de cancer est plus élevée quand les fruits et les légumes alternent. » Concernant le brocoli (et les crucifères, en général), Laurent Chevallier estime que c’est « un bon aliment bourré de vitamine K qui solidifie les os et aide à lutter contre l’ostéoporose ».
LES GRAINES DE CHIA, SARRASIN OU LIN RÉGULENT LE CHOLESTÉROL
A saupoudrer sur une salade ou à incorporer dans son muesli. Originaires d’Amérique centrale, les graines de chia protègent le système cardio-vasculaire et fournissent à l’organisme une bonne dose de fibres et d’oméga 3. Celles de sarrasin, à consommer grillées, constituent un apport en protéines de choix. Elles aident à réguler le taux de cholestérol dans le sang, tout comme les graines de lin.
LE CHOU KALE HALTE AU VIEILLISSEMENT
Peu calorique, ce légume crucifère est bourré d’antioxydants qui ralentissent le vieillissement des cellules, stimulent le système immunitaire et jouent un rôle dans la prévention de certains cancers. Ses feuilles frisées regorgent en outre de vitamine C et de calcium.
L’HUILE D’OLIVE DIÈTE CRÉTOISE
« L’huile d’olive a été popularisée par le régime crétois dans les années 1980 sans qu’on sache très bien si le bénéfice de ce régime provenait du poisson, de la feta, du soleil ou… de l’olive », rappelle le docteur Serge Rafal. Pour lui, comme pour Laurent Chevallier, cette huile reste un bon corps gras (famille des acides gras mono-insaturés, oméga 9), mais les deux médecins lui préfèrent celle de colza, chef de file des aliments d’origine végétale contenant des oméga 3 (acides gras polyinsaturés), bons protecteurs cardio-vasculaires. (1) « Mes ordonnances alimentaires », Le Livre de Poche 2011. (2) « Le Grand Guide des médecines douces », Marabout 2012. (Dossier paru dans « le Nouvel Observateur » du 16 janvier 2014).