L’étoile de Jenny
VIE DE MA VOISINE, PAR GENEVIÈVE BRISAC, GRASSET, 176 P., 14,50 EUROS.
La Seconde Guerre mondiale a fait l’objet de tant de romans et de films qu’elle peut parfois donner l’impression d’appartenir à un passé lointain, voire fictif. D’où l’intérêt de la démarche de Geneviève Brisac, qui raconte simplement la vie de sa voisine, survivante d’un siècle naufragé. Croisée un jour lors d’un déménagement, Eugénie Plocki, dite Jenny, née en 1925, lui parle de Charlotte Delbo. Plus tard, invitée chez cette voisine, l’auteur remonte le temps. Pour découvrir le monde de Jenny, née de parents polonais, juifs et athées, émigrés en France dans les années 1920. Le récit retrace le quotidien d’une jeune juive avant-guerre et sous l’Occupation. Une héroïne touchante avec son étoile mal cousue, mal dissimulée sous une écharpe. Une héroïne courageuse, résiliente. Car, après la déportation de leurs parents, Jenny et son frère, rescapés de la rafle du Vél’ d’Hiv sont livrés à eux-mêmes, frêles esquifs dans l’ouragan qui sévit. Mais Jenny, future institutrice et future militante féministe, possède une énergie et un don pour l’amitié qui l’aident à résister aux tragédies et aux deuils. Sobre et précis, ce texte est un témoignage fort. « Vivez et espérez », nous dit Jenny la battante.